Archives - Pas-de-Calais le Département
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L’aviron boulonnais

Origines britanniques

Photographie noir et blanc montrant les bords de la Liane à Boulogne où est rassemblée une foule regardant des régates s'élancer sur l'eau.

Souvenir de Boulogne-sur-Mer, par Joseph Quentin, Nancy, phototypie J. Royer, 1897, pl. XVI : "Régates sur la Liane (fête du 14 juillet 1894)". Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Fi 296.

Si le canotage à la rame est ancestral et universel, l’aviron se pratique dès le XVIIIe siècle en Angleterre comme un sport à part entière, réputé favoriser l’esprit de corps et d’équipe, d’où son introduction dans les grandes universités (atteindre la vitesse optimale nécessite une totale synchronisation des mouvements des rameurs et un sens collectif de l’équilibre).

Ce sont d’ailleurs les fameuses courses entre les universités d’Oxford et de Cambridge qui contribuent à populariser ce sport à compter de 1828.

Introduction française

En France, l’engouement se développe dans les années 1840, porté par l’anglomanie qui touche le littoral du Pas-de-Calais et qui permet à une clientèle aisée de s’adonner aux joies des "sports anglais" (chasse à courre, golf, courses de régates, etc.).

Lentement, ces nouvelles formes de pratiques physiques, importées de l’Angleterre victorienne, pénètrent l’espace septentrional. La Société des régates du Havre, doyenne des sociétés françaises de sport nautique, est créée en 1838. En 1861, Boulogne-sur-Mer fonde à son tour une société de régates, sous le nom d’Émulation nautique boulonnaise, suivie en 1885 par l’apparition du Boulogne-Club.

L’Émulation nautique boulonnaise et le Boulogne-Club, foyers de champions

Texte imprimé sur lequel on lit : Grandes régates internationales à l’aviron, dans le bassin Carnot, sous le patronage de l’administration municipale, organisées par le comité des régates, avec le concours de la commission des fêtes. Règlement des courses adopté par le comité des régates. Article 1 : Le règlement des courses adopté par la Fédération des sociétés nautiques du Nord de la France sera mis en vigueur. Article 2 : Les inscriptions seront reçues jusqu’au 4 juin et devront être adressées à M. Lasson, secrétaire du comité des régates. Article 3 : Le tirage des places aura lieu le vendredi 6 juin, à 3 heures et demie, salon de l’ancien Hôtel-de-Ville, place d’Armes ; chaque société est priée de s’y faire représenter. Tout mandataire devra être muni d’un pouvoir. Le président du comité des régates tirera pour les sociétés non représentées. Dans le tirage au sort, l’embarcation à laquelle écherra le numéro le plus bas, prendra la place la plus rapprochée du jury. Si plusieurs équipes d’une même société se mettent en ligne dans la même course, elles seront placées côte à côte et devront viser à la même bouée. À cet effet, un seul numéro sera tiré de l’urne pour chaque société, quel que soit le nombre de ses embarcations. Article 4 : Pour la course n° 11, les sociétés sont priées d’indiquer sur les lettres d’engagement si les équipes sont juniors ou seniors. Article 5 : Le jury pourra faire recommencer une course qu’il aura jugée défectueuse ; l’embarcation qui s’y refusera sera considérée comme ayant perdu la course.Article 6 : La distribution des prix aura lieu dans le Grand Salon de l’ancien Hôtel-de-Ville, place d’Armes, après les régates. Le secrétaire : E. Lasson. Le président : De Padirac, commissaire de l’inscription maritime. Programme de la première course (juniors) : Yoles-Gigs, bordant 2 avirons de pointe. Parcours 1 600 mètres. – 2 virages. – Entrée : 5 francs. Premier prix : médaille de vermeil et 75 francs. Deuxième prix : médaille d’argent et 30 francs. Troisième prix : médaille d’argent. Programme de la deuxième course (seniors) : Yoles-Gigs, bordant 2 avirons de pointe. Parcours 2 200 mètres. – 3 virages. – Entrée : 8 francs. Premier prix : médaille de vermeil et 150 francs. Deuxième prix : médaille d’argent et 50 francs. Troisième prix : médaille d’argent et 25 francs. Quatrième prix : médaille d’argent. […]

Règlement et programme des courses de régates internationales d’aviron de Calais, 1890. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 980.

L’Émulation nautique boulonnaise et le Boulogne-Club (qui ont fusionné en 1999 pour devenir L’Aviron boulonnais) peuvent s’enorgueillir d’avoir porté dans leurs girons des champions qui se sont distingués dans diverses compétitions nationales ou internationales, allant jusqu’aux Jeux olympiques où ils ont récolté deux médailles.

Les années 1920 sont incontestablement fastes pour les deux clubs ; de cette période d’après-guerre émerge une génération formidable qui constitue en 1923 un des meilleurs "huit" de France et qui se qualifie pour les Jeux olympiques de Paris en 1924.

Mais après la médaille d’argent remportée lors de cette compétition, ils peinent à se hisser sur les podiums internationaux, malgré de nombreux succès régionaux et nationaux. Il faudra attendre les Jeux olympiques de Sydney en 1996 pour que Daniel Fauché renoue avec le succès et revienne médaillé d’argent dans son club boulonnais.

Eugène-Louis Constant. Médaillé d’argent à Paris en 1924

Né à Boulogne le 8 janvier 1901, il s’entraîne très tôt à l’Émulation nautique, où il occupe toutes les fonctions jusqu’à celles de président en 1960.

En 1923 et 1924, il devient champion de France en deux de pointe et revient médaillé de bronze des championnats d’Europe de 1923. En 1924, avec son équipe le quatre "Narcisse" (Louis Gressier, Georges Lecointe et Raymond Talleux, ainsi que le barreur Marcel Leplan), il concourt aux Jeux olympiques de Paris et remporte la médaille d’argent. Il occupe plus tard le poste de vice-président de la Fédération française des sociétés d’aviron.

Eugène-Louis Constant s’éteint le 22 octobre 1970 dans sa ville natale.

Pour aller plus loin

  • S. GACHET, Le dictionnaire des médaillés olympiques français, éditions Litié, 2011. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHA 1912.
  • P. VINCENT-CHAISSAC, L’aviron boulonnais : de Paris à Athènes, Les Échos du Pas-de-Calais, 122, janvier-février 2012.
  • Site internet du club L’aviron boulonnais