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Pétain nommé Généralissime

L'échec de la percée tentée par le général Nivelle au Chemin des Dames le 16 avril 1917 a entraîné une crise profonde au sein de l'armée française et a amplifié le développement d’actes collectifs d'indiscipline. Nivelle n'ayant plus l'autorité nécessaire pour commander, le ministre de la Guerre propose de rétablir le poste de chef d’état-major général, avec des attributions plus étendues que celles dévolues par le décret du 31 juillet 1915, et le confie le 15 mai 1917 au général Philippe Pétain.

Bien qu’un peu tardive, sa nomination produit les conditions d'un retour à l'obéissance. Pour calmer les mouvements de révolte, le général Pétain prend une série de mesures susceptibles d’améliorer le sort de ses soldats : augmentation du taux des permissions, aménagement des conditions de vie par la construction de nombreux baraquements... En réorganisant la logistique, Pétain assure un meilleur ravitaillement en matériel et en nourriture, tout en maintenant la lutte contre l'ivresse.

Il décide par ailleurs d’arrêter les offensives et de les remplacer par des actions à objectifs limités. Cette stratégie, plus économe en vies humaines, est perçue comme un signe d’apaisement. Il surveille en particulier l'application de ses ordres par de nombreuses visites aux unités et concourt ainsi à la restauration de la confiance dans le haut commandement.

Néanmoins, on relève tout de même un certain nombre de sanctions visant à réprimer les mutineries : 554 condamnations à mort dont 49 effectives et près de 3 500 condamnations dont 1 381 aux travaux forcés.

Le Général PÉTAIN, Généralissime
Le Général FOCH, Chef d’État-major général
Le Général NIVELLE, Commandant d’armées

Le haut commandement

Une dépêche de l’Agence Havas nous apporte aujourd’hui une heureuse nouvelle, notre éminent compatriote, le général Pétain, est nommé généralissime.

Tous les Français applaudiront au choix très judicieux, du Gouvernement et leur gratitude ira à M. Painlevé, qui eut le mérite de discerner la haute valeur de ce chef éminent et d’en faire dès avril dernier son principal collaborateur.

Pétain, est l’un des chefs les plus aimés de l’armée, il a la confiance de tous et il était évident qu’il parviendrait, durant cette guerre, aux plus hautes fonctions.

Ancien professeur à l’École de Guerre, doué des plus belles qualités militaires et morales, le nouveau généralissime n’est pas l’homme des théories, mais plutôt celui des réalisations.

Il était apparu du premier coup, aux esprits avertis, que le décret du 11 mai lui conférait des pouvoirs si étendus qu’il devenait en fait  ̶  du plein consentement du Ministre de la Guerre  ̶  le véritable chef de l’armée.

Il ne doit venir à la pensée de personne de prendre texte des modifications profondes apportées dans le haut commandement pour en conclure que le général Nivelle n’a pas droit à notre estime et à notre reconnaissance. Le général en chef d’hier, est un homme de grande valeur, sa retraite ne signifie pas autre chose que le Gouvernement a le désir de voir chaque homme à sa place dans l’armée et ses décisions seront unanimement approuvées, elles nous permettent d’espérer d’autres actes, non moins énergiques.

La désignation du général Foch pour le poste de chef d’état-major est d’un choix non moins excellent. L’ancien directeur de l’École de Guerre, le tacticien le plus réputé de notre armée se voit investi de pouvoirs grâce auxquels il donnera toute la mesure de son talent.

Ainsi, ces deux nominations d’hommes qui avaient jadis souffert d’une certaine indifférence, les hommes de confiance de Joffre, avec de Castelnau, se voient pourvus de postes auxquels leur haute valeur les désignait.

De Castelnau, modeste entre tous, fidèle à une amitié indestructible, sera le premier à applaudir à ces deux nominations.

Joffre, Pétain, Foch, de Castelnau ont formé le carré de la résistance française, ne l’oublions jamais.

D’aucuns chercheront encore à ces nominations, des dessous qui n’existent pas.

Une seule chose domine la situation et doit dicter les actes du pouvoir : la volonté de vaincre !

Edmond EQUOY.

Le Télégramme, mercredi 16 mai 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/27.