Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

La restauration des villages libérés de l’Artois

Photographie noir et blanc montrant des ruines.

Warlencourt-Eaucourt. Vue générale d'un quartier en ruines, 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, 8 Fid 1154.

Durant le conflit, l’ouest du département sert de zone tampon entre le Royaume-Uni et la France, pour l’acheminement rapide des troupes et du ravitaillement vers le front. La ville de Saint-Pol-sur-Ternoise constitue alors un nœud ferroviaire important chargé d’approvisionner les champs de bataille de l’Artois. Hommes, marchandises et matériels y transitent quotidiennement. À proximité, se trouvent d’importantes bases logistiques composées de camps, d’hôpitaux, de zones d’entraînement, d’aérodromes et même d’une usine à tank. Jusqu’au printemps 1918, la ville échappe aux destructions, mais son importance logistique fait d’elle une cible de choix pour les bombardiers allemands : en mars 1918, 41 de ses habitants meurent sous les bombes. 

Face à l’ampleur des dégâts et afin d’éviter la désertion des régions dévastées, le gouvernement transfère plusieurs millions aux préfets afin qu’ils prennent en charge les réparations.

Le 29 novembre 1917, Léon Bourgeois, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, préside la commission dédiée aux réparations urgentes. Son objectif consiste à rendre aux maisons détruites leur état d’habitation initial. La mission est ainsi confiée à Albert Claveille, ministre des Travaux publics. Pour chaque habitant concerné, la procédure est la même : le sinistré doit dans un premier temps faire appel au préfet. Ce dernier envoie sur place des agents de son administration : architectes, ingénieurs, conducteurs des Ponts et Chaussées, etc. Ceux-ci dressent un état des lieux des dégâts matériels et évaluent le montant du préjudice. Trois solutions s’offrent alors au sinistré :

  • il peut recevoir une somme d’argent, fixée entre l’agent et lui, à la seule condition qu’il assure lui-même les réparations,
  • l’État se charge des réparations et envoie une facture correspondante,
  • l’État remet les matériaux nécessaires directement à l’intéressé qui se charge lui-même des travaux.

L’État a en effet longtemps hésité entre la liberté totale accordée au sinistré d’utiliser les indemnités comme il le souhaite et le respect de certains principes d’intérêt général, par l’orientation du réemploi des dommages versés.

Le 17 avril 1919 est votée la loi dite "Charte des sinistrés" qui régit le régime des indemnités de guerre, avec la volonté de maintenir l’égalité et la solidarité nationale. Elle met en place des organismes et un système d’indemnisation, afin que les demandes de la population soient entendues et traitées dans les plus brefs délais.

En 1926, le Département compte 298 sociétés de reconstruction regroupant 30 000 sinistrés. Beaucoup de litiges entre les sinistrés et les entrepreneurs émanent de la question des chantiers : emploi de matériaux de mauvaise qualité, inflation des coûts et main-d’œuvre peu qualifiée. Ces sociétés restent néanmoins actives jusqu’en 1930. Agents des Ponts et Chaussées et habitants travaillent main dans la main avec pour seule volonté, se reconstruire et retrouver la paix.

La restauration des villages libérés de l’Artois 

Une importante réunion a eu lieu le 2 novembre, à Saint-Pol-sur-Ternoise.
M. Claveille, ministre des Travaux publics, l’avait provoquée.
Il se fit rendre compte de ce qui avait été fait. Le bilan ne fut pas long, dit la France envahie, en rendant compte de cette réunion.

Constatons la faillite des abris en bois et n’en parlons plus. "Laissez-vous faire des huttes en torchis, si cela nous plaît, disent nos graves ruraux, fatigués d’attendre ; et, de grâce, ne nous parlez pas de ces baraquements en planches, disjoints après quelques jours ensoleillés et volant en éclats sous le coup de pied d’un cheval. Qu’on nous laisse utiliser les pierres, briques, moellons, trouvés au milieu de nos ruines, plutôt que de les employer pour empierrer nos routes, comme font les Anglais".

Partant de ce principe qu’il faut accorder aux intéressés une certaine initiative contrôlée, le ministre leur donna toute latitude pour leur permettre d’exercer celle-ci : la responsabilité dans la liberté.

"Vous avez le champ libre, M. le Préfet, je vous octroie les fonds nécessaires à guichets ouverts ; agissez sous votre responsabilité, guidée par la commission nommée ou à nommer par vous, avec, comme agents d’exécution, chargés de dresser les plans, M. l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et son personnel d’ingénieurs, de sous-ingénieurs, conducteurs, très qualifiés en l’espèce ; (et, à leur défaut, aurait pu ajouter le ministre, un homme compétent du pays, en connaissant les us et coutumes). Faites des briques, beaucoup de briques, employez le ciment, il en faudra beaucoup. Je vous donnerai la main-d’œuvre, toujours promise, mais réclamée vainement, pour les réparations de fortune ou les travaux de reconstruction.
Faites travailler les intéressés, les gens du cru, les entrepreneurs du pays, retenus jusqu’ici par la question, non encore tranchée, de la responsabilité en matière d’accidents du travail". 

Après avoir ainsi ouvert l’ère de la décentralisation, le ministre remonta en automobile, promettant de revenir sous peu pour s’enquérir de l’œuvre accomplie.

Le Télégramme, mardi 27 novembre 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/28.