Le charme des deux tours mutilées accrochées à la colline et surplombant les plaines d’Artois est indéniable et n’a cessé d’inspiré les artistes au fil du temps.
Longtemps sujet d’études pour les peintres, ce cadre exceptionnel est aujourd’hui le décor de spectacles grandeur nature et de festivals, mais aussi de fouilles archéologiques de grande ampleur.
Tours du Mont-Saint-Éloi : élévation, dessin de J. Cambron (pensionnat Estenne à Saint-Laurent-Blangy), 1864. Plume encre de Chine et lavis de couleurs. Archives départementales du Pas-de-Calais, 2 FI 208.
Les documents iconographiques antérieurs aux dernières mutilations de l’abbatiale témoignent de l’aspect très classique de sa façade. Les tours jumelles de trois étages carrés, dont les deux derniers sont percés de fenêtres munies d’abat-son, partent du deuxième niveau. Les niveaux inférieurs sont ornés de fausses fenêtres en plein cintre. Ce sont incontestablement les deux tours qui confèrent au bâtiment son élégance.
Qui de nous n’a pas entendu parler des "Tours de Mont-Saint-Éloi" ? Quel voyageur, fût-il le plus insouciant, n’a jeté, en passant, sur cet amas architectural de pierres, un simple regard de curiosité ?
J. Laurent, La France du Nord, mercredi 16 décembre 1914.
Ludo Ferrière, Ruines des tours de Mont-Saint-Éloi en février 1916, gravure. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Fi 27.
Après la Première Guerre mondiale comme pendant le conflit, les images des destructions, en particulier des monuments historiques, sont diffusées et exploitées pour dénoncer les exactions allemandes, susciter la compassion en France et à l’étranger et provoquer la mobilisation de l’opinion publique.
Vue des tours de l'abbaye de [Mont-]S[ain]t-Éloi. L[éopold] Tavernier lith. Lith. de C[onstant] Dutilleux. Vue des tours et de la nef après l'écroulement du bas-côté sud. Lithographie dont les marges ont été découpées, [1838-1840]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Fi 33.
Au milieu du XIXe siècle, l’abbaye du Mont-Saint-Éloi n’est déjà plus qu’une ruine sur laquelle la végétation a repris ses droits. Ce thème est une source d’inspiration prisée des artistes romantiques. Pour Châteaubriand : Les ruines sont plus pittoresques que le monument frais et entier. Les ruines permettent d'ajourer les parois et de lancer au loin le regard
. La conservation des ruines comme telles vient de cette volonté d’arrêter le processus de dégradation pour fixer, à jamais, des vestiges.
Vue panoramique de l'abbaye du Mont-Saint-Éloi. F[élix] R[obau]t d'après nature à St-Éloi (Pas-de-Calais), le 22 octobre 1826. Dessin d'après nature. Mine de plomb sur papier. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 FIC 135.
Né à Douai en 1799, Félix-Fleury Robaut est à la fois dessinateur, lithographe, décorateur et architecte. Meilleur dessinateur que peintre, il s’illustre dans le domaine du dessin d’architecture et porte un intérêt particulier au patrimoine monumental. Il trouve avec les ruines de l’abbaye abandonnée un formidable sujet d’étude. Tracé sur le vif, ce dessin donne une représentation exacte des ruines, ce qui lui confère une valeur historique incontestable.
Grandes manœuvres. Assaut du Mont-Saint-Éloi par le corps du général Billot, 14 septembre 1885. Dessin d’après nature par M. Combat. Gravure parue dans l’Illustration. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 FIC 870.
En septembre 1885, de grandes manœuvres, exercices militaires d’entraînement des troupes, se déroulent durant 20 jours dans le nord de la France sous la direction du général Billot, commandant du 1er corps d’armée. La dernière journée de manœuvre se tient au Mont-Saint-Éloi devant un public enthousiaste venu assister aux combats.
Le site, par sa position, a été le cadre d’opérations militaires bien avant la Grande Guerre : Louis XI y installe son armée lors du siège d'Arras et le Grand Condé y établit son quartier général en 1654.
Xavier Souillart, Porte du verger de l’abbaye de Mont-St-Éloi du côté de Berthonval. Vue de la démolition du mur de l’enclos de ladite abbaye laissant voir un pavillon oratoire situé dans le verger. Cette démolition eut lieu vers 1858. Mine de plomb sur papier. Archives départementales du Pas-de-Calais, 7 FIC 606.
C’est le dessinateur arrageois Xavier Souillart, qui a laissé la plus abondante collection de représentations de l’abbaye. Les archives départementales conservent un manuscrit dans lequel il raconte ses promenades, enfant, au Mont-Saint-Éloi et sa rencontre en 1830 avec un arpenteur contemporain de l’édifice avant sa destruction.
Souillart propose plusieurs hypothèses de restitution et d’élévation de l’église et du quartier abbatial, établies d’après ses souvenirs et parfois très différentes les unes des autres. Outre ses essais de reconstitution, Xavier Souillart propose des croquis ou des relevés de certaines parties en ruine de l’abbaye et des bâtiments conventuels. Ils forment un témoignage iconographique remarquable pour les historiens du site.
Xavier Souillart, Abbaye du Mont-Saint-Éloi. Vieux souvenirs, extrait. Archives départementales du Pas-de-Calais, 7 FIC 608.
C’est entre 1818 et 1833 que le jeune Xavier Souillart découvre l’abbaye du Mont-Saint-Éloi.
N’ayant connu le site qu’à l’état de ruines, il effectue ses dessins uniquement d’après mémoire ; il intitule le manuscrit dans lequel il évoque ses promenades, Vieux souvenirs. Ses essais de reconstitution d’une architecture disparue ont donc une valeur documentaire assez approximative.
Explication. Ayant, par hasard, retrouvé, dernièrement, dans mes vieilles paperasses, quelques fragments de croquis faits par moi, pendant certaines démarches de l’année 1833. Il m’a été possible de reconstituer, avec l’aide de mes souvenirs, une vue générale de l’abbaye de Mont-Saint-Éloi, comme elle existait, alors, avec une maison près de la route. Un second croquis pris de l’intérieur de l’enclos, à demi-côte et en plus grande proportion, dessiné à la même époque, peut donner une idée plus exacte de ce qu’étaient ces nombreux bâtiments, en grande partie, à l’état de ruine.
Photographies prises lors des fêtes du Mont-Saint-Éloi organisées le 2 mai 2019.
Depuis 2014, place Hamilton, un campement médiéval est reconstitué aux pieds des tours du Mont-Saint-Éloi. Diverses animations historiques sont proposées : démonstrations de tir à l’arc et à l’arbalète, présentations d’armes, jeux médiévaux.
Photographies prises lors des fêtes du Mont-Saint-Éloi organisées le 2 mai 2019.
