Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Obsèques de Monsieur le Docteur Sauvage

Hier matin, ont eu lieu à Notre Dame les obsèques de M. le Docteur Sauvage.

Un grand nombre de personnalités administratives y étaient présentes. En outre la plupart des membres de la Société Académique.

Les cordons du poële étaient tenus par Messieurs Félix Adam, maire de Boulogne, Boyard, vice-président de la Société Académique et vice-président de la commission des Musées ; Joseph Lardeur et Réveillez, secrétaire en chef de la Mairie de Boulogne.

Le deuil était conduit par MM. l'abbé Chabaud et le major Saulieu conduisant le lieutenant Sauvage, fils du défunt et M. Gras, son gendre. 

Après le service funèbre à la Basilique Notre Dame, l'inhumation a été faite au Cimetière de l'Est, où M. Boyard a prononcé le discours suivant : 

Messieurs,

La science vient de perdre, en la personne du regretté Docteur Sauvage, un de ses émules les plus fervents et les plus autorisés ! On peut dire que, dans sa vie, il n'y eut de place que pour ses travaux scientifiques, ses recherches paléontologiques, ses études pour les Sociétés savantes et les joies du foyer.

Né dans notre ville le 22 septembre 1842, il y a vécu ses années les plus nombreuses et fécondes. Ami et compagnon d'études des Haigneré, des Ernest Hamy, des de Rosny et des Rigaux pour ne citer que les plus connus, il était resté un des derniers représentants de cette pléiade d'érudits qui sont l'honneur de notre Région et dont les noms font autorité dans le monde savant.

Innombrables sont les Études publiées par le Docteur Sauvage dans les Revues scientifiques et dans les bulletins des sociétés savantes de tous les pays.

Son étude la plus connue est le volume qu'il consacra à la grande pêche. En Ichtyologie, il suffit de rappeler ses mémoires sur les poissons, les reptiles, les batraciens et les poissons de Madagascar.

Ses études sur les terrains quaternaires du Boulonnais, en collaboration avec Ernest Hamy, son travail sur l'étage bathonivien du bas-Boulonnais, en collaboration avec Rigaux ; ses savants articles qui figurent au bulletin des Sociétés zoologiques et géologiques et dans les comptes-rendus des séances de l'Académie des Sciences ; sa collaboration à la grande encyclopédie et au dictionnaire des sciences médicales, autant que ses rapports dans les expositions Universelles contribuent amplement à nous donner l'impression de l'étendue de ses connaissances et de sa vigueur intellectuelle.

L'Ethnographie, l'Histoire de l'Art dans ses manifestations diverses tentaient également sa curiosité. Nombreuses sont les études qu'il consacra aux recherches archéologiques pour lesquelles il se passionnait, à la numismatique, à la Céramique. Une collection d'urnes funéraires de nos musées et un tableau des marques de potiers Gallo-Romains vous donneront la plus haute idée du goût et du soin qu'il apportait dans toutes les manifestations artistiques du labeur humain.

Descendant d'une vieille et honorable famille boulonnaise (son père était notaire à Boulogne), le Docteur Sauvage, ses études terminées, se fit recevoir docteur en médecine devant la Faculté de Paris en 1869. Pendant la guerre de 1870, il servit comme médecin aide-major des mobilisés du Pas-de-Calais. 

Fixé dans notre ville, il ne cessa de s'attacher à ce sol, à cette nature qu'il aimait et in en fit l'objet de ses études et de ses observations dont les résultats sont consacrés dans les Bulletins de notre Société Académique.

En 1884, le poste de "Conservateur des Musées" étant devenu vacant, le Docteur Sauvage était tout désigné, par sa haute valeur scientifique, pour remplir les délicates fonctions d'organisateur de nos collections. Il s'y adonna avec le dévouement le plus éclairé et le plus désintéressé. C'est un hommage que je suis heureux de rendre à sa mémoire, au nom de mes collègues de la Commission, pour l'ordre et la bonne tenue qu'il a su créer dans un local insuffisant encombré de collections les plus variées tant au point de vue de la valeur artistique que de la valeur scientifique. 

Ses études et les recherches que le Docteur Sauvage poursuivait pour compléter, enrichir et organiser nos collections du Musée avaient leur complément dans les travaux de la Société Académique à laquelle il était toujours heureux de communiquer les intéressantes trouvailles qu'il avait faites.

Le Docteur Sauvage aimait ardemment notre compagnie dont il avait été, jeune encore, un des membres fondateurs.

il lui resta fidèle, et collabora à ses travaux jusqu'à l'ultime étincelle de sa vie intellectuelle ; notre dernier bulletin contenait encore une étude de lui sur les Ammonés du terrain jurassique du Boulonnais. Il rêvait pour notre Société, me disait-il dernièrement, la situation de ces sereines et savantes sociétés locales qui font la gloire des vieilles cités provinciales, dont la haute fonction est de fournir les matériaux de la vraie et grande Histoire tout en jetant leur lustre de vie intellectuelle sur les cités qui les abritent.

Le Docteur Sauvage a contribué largement à la réalisation de ce rêve, dans sa ville natale, par son dévouement et ses travaux. Nos prédécesseurs qui lui avaient déjà donné le titre de secrétaire perpétuel avaient devancé le tribut de reconnaissance que nous lui devons.

Mon cher collègue, vous avez honoré hautement notre compagnie par votre courageux et infatigable labeur de savant et d'érudit. Votre mémoire restera pour toujours, parmi nous, comme un encouragement et un gage de prospérité pour l'œuvre à laquelle vous vous étiez donné avec toute votre grande intelligence et votre cœur. 

Reposez en paix.

La Croix, jeudi 11 janvier 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/18.