BOULOGNE
La première liste des braves tombés au champ d’honneur
Ainsi que nous l’avons déjà annoncé, la mairie de Boulogne a reçu une première liste de soldats boulonnais blessés ou morts au champ d’honneur.
Parmi ces derniers, nous avons eu la tristesse de relever les noms de MM. René Decroix, caporal d’infanterie, demeurant boulevard de Clocheville, et Paul Schipman, demeurant 103, rue du Moulin-à-Vapeur.
M. Decroix était bien connu parmi nous où il comptait de nombreuses sympathies. Avant son départ, il était clerc en l’étude de Me Bouchez, avoué, rue des Vieillards ; René Decroix était très estimé de son patron et de ses chefs.
Quant à Paul Schipman, il était occupé à la maison Tellier frères, qui l’appréciait. Il laisse une femme et deux jeunes orphelins.
Saluons respectueusement la dépouille mortelle de ces deux braves, morts pour défendre notre sol.
À la mère de l’infortuné jeune homme et à la veuve éplorée, nous présentons nos condoléances attristées.
La France du Nord, mercredi 2 septembre 1914. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.
Discours du préfet du Pas-de-Calais Léon Briens au cimetière d’Arras, à l’intention des soldats tombés au champ d’honneur, 31 août 1914
Arras, 31 août 1914.
Je viens à mon tour m’incliner devant ces nobles victimes du plus sacré des devoirs. Je salue en eux tous les enfants de France qui, de leur sang généreux, ont fécondé ou féconderont demain, le sol national.
Gloire à ces vaillants tombés au champ d’honneur. Qu’ils sont donc heureux d’avoir pu mourir pour la Patrie ! Leur sublime sacrifice ne sera pas inutile ; c’est de lui que sera fait le triomphe final… et plus tard, quand les bruits de canons se seront apaisés, nous reviendrons ici chanter nos victoires et les remercier encore de les avoir préparées.
Si cruel que soit le spectacle de ces existences fauchées, de ces vides creusés aux foyers, ne nous y arrêtons pas… c’est plus haut que doivent aller nos pensées et nos cœurs… c’est vers la grande image de la Patrie, c’est vers le drapeau tricolore dont était recouvert leur cercueil – dernier hommage à leur valeur – c’est vers ses plis fiers et glorieux que nous devons tourner nos regards confiants.
Sortons de ce lieu de repos, le courage affermi, l’énergie surexcitée et, nous souvenant des appels enflammés du grand patriote de la défense nationale en 1870, élevons nos âmes à la hauteur de tous les périls et prouvons au monde que la France est un grand peuple qui ne veut pas mourir…
Vive la France.
Archives départementales du Pas-de-Calais, M 5569.