Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Mobilisation générale

En 1914, la République française ordonne pour la première fois la mobilisation générale des armées de terre et de mer, par décret du 1er août 1914, publié au Journal officiel du 2, et applique le plan XVII. En un mois, plus de trois millions de Français sont mobilisés et transportés vers le front.

L’annonce de la mobilisation

Ordre de mobilisation générale du 2 août 1914. Affiche.

Le 1er août 1914, à 15 h 55, le télégramme porteur de l’ordre de mobilisation générale est envoyé depuis Paris aux commandants de corps, de division et de régiment, ainsi qu’aux préfets. Ces derniers informent les sous-préfets et les maires, chargés de transmettre l’information à leurs concitoyens. Des gendarmes sont de même dépêchés dans les communes rurales. Des affiches sont placardées, églises et beffrois sonnent le tocsin, et les tambours de ville et gardes champêtres annoncent la nouvelle. En quelques heures, celle-ci est connue de tous.

Samedi, 1er août.

[…]

Mobilisation générale décrétée.

De grandes affiches blanches sont collées sur la porte de l’église et à la mairie. On s’écrase pour voir de ses propres yeux ce que toutes les voix répètent. Un lourd silence tombe sur la foule. On regarde les hommes, les ouvriers qui sortent des usines ; les mineurs, que la sirène lugubre a fait remonter des fosses et qui se dirigent à grandes enjambées, silencieux, vers leurs maisons.

[…]

Dans les villages on s’assemble autour d’un gendarme qui sonne une cloche et qui lit à voix haute l’ordre de mobilisation.

Madeleine Bracq, En Artois, juillet-octobre 1914. p. 9-10.

La mobilisation à Saint-Omer

[…]

L’annonce de la mobilisation.

L’impression en ville.

Un groupe assez compact a stationné longtemps hier après-midi aux abords de la Poste à partir du moment où y fut affiché la dépêche d’urgence annonçant la mobilisation générale et qui était ainsi conçue :

Officiel Extrême urgence. – Circulaire recommandée. Ordre de mobilisation générale : le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août.

Plusieurs scènes touchantes s’y produisent ; nous n’en citerons qu’une : celle d’une brave femme portant un panier de blanchisseuse dans un bras et trainant de l’autre deux marmots a les yeux si brouillés qu’elle ne peut lire le papier et nous demande "quand est-ce le deuxième jour de la mobilisation ?"

Le renseignement obtenu, elle se retire en étouffant des sanglots.

Pendant ce temps, le tambour de ville qui remplace le regretté Isaac qui aurait été très fier d’exercer ses fonctions en pareilles circonstances, parcourut les places et les rues et, aux arrêts habituels lit la formule de mobilisation générale telle qu’elle est reproduite ci-dessus. Il était accompagné d’un sergent de ville.

Inutile de dire que cette proclamation a suscité dans tous les quartiers la plus vive émotion.

Enfin pendant une grande partie de la journée et de la soirée, un autre groupe de curieux sans cesse renouvelés n’a cessé de rester en face de l’Hôtel de ville pour lire et commenter les affiches officielles ayant trait à cet évènement sensationnel qui va modifier si profondément les conditions d’existence pour tant de gens et de familles.

La plus ferme résolution se lisait sur les traits des jeunes hommes, quelques-uns à peine étaient un peu pâles d’une émotion bien légitime en songeant à tout ce qu’il faudra quitter, aux affections, à la fiancée peut-être. Rencontré aussi beaucoup de femmes, de jeunes filles aux yeux rougis ; des mères, des sœurs, des promises ?

Le Mémorial artésien, lundi 3 août 1914.

Les soldats rejoignent leurs affectations

Chaque homme apte au service militaire possède un livret militaire auquel est joint un fascicule de mobilisation, signalant son affectation, déterminée par sa formation militaire, son âge et son lieu de résidence. Chacun sait ainsi où il doit se rendre à l’annonce de la mobilisation.

J’ai quitté le foyer paternel le 3 août à 4 heures et demi du matin avec un peu de tristesse mais aussi avec bonne espérance, et je me suis dirigé vers la gare de S[ain]t-Omer où je devais embarquer à 6 heures du matin. Mon frère est venu m’accompagner jusque la gare et j’attends jusqu’à la dernière minute pour lui faire mes adieux. Je monte dans le wagon avec mes camarades qui m’accompagnent jusque Hazebrouck où je dois changer de direction. Je leur serre une dernière poignée de main et le train repart. Alors je restais avec mon camarade Bézeur et comme il y a 1 heure d’arrêt environ nous nous décidons d’aller faire un tour dans la ville et en même temps profiter de casser la croûte. L’heure étant écoulée nous montons dans le wagon et nous arrivons à Arras vers midi et on se dirige dans un café pour dîner où nous avons fait très peu de frais parce que le patron n’a rien voulu accepter et il nous a même remis à chacun une bouteille de vin, une livre de fromage et une livre de levure. Et après avoir fait nos remerciements nous nous rendons au quartier mais à mon grand regret nous devons nous séparer, mon bataillon occupant un nouveau casernement situé un peu plus loin. Il était alors 5 heures du soir. On nous a donné des effets et équipements et on s’est mis en tenue. Une fois prêt, j’ai serré la main aux camarades et on a été prendre quelques chopes ensembles. Et on rentre vers 9 heures pour nous coucher. Nous avons dormi sur la paille.

Le 4 août, on touche les fusils, les cartouches et les vivres et on monte les sacs. Ceci terminé, le capitaine passe une revue pour s’assurer que tout le monde avait son nécessaire.

Le 5 août, nous avons le réveil à 2 heures du matin. L’on boit le café et on rassemble le bataillon. Le colonel arrive et nous fait un petit discours pour nous donner du courage et le termine par le cri de "Vive la France !" répété par tout le bataillon et nous partons pour la gare d’Arras, musique en tête, où la foule se pressait pour faire les derniers adieux à leurs soldats. Il est 6 heures. L’ordre est donné de monter dans les wagons.

Carnet de route d’Eugène Casier (33e RI). Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 Num 01/007, pièce 5 (Collecte du 16 novembre 2013)

La mobilisation de l’arrière

En cette période d’intense activité agricole, le départ des hommes mobilisés pour la guerre contre l’Allemagne pose bien des problèmes. Comme de nombreuses autres femmes, Louise Chirlonchon, épouse de Georges de Bailliencourt, doit du jour au lendemain gérer presque seule leur exploitation de Rupembert (Wimille) :

Pour la ferme, il ne reste plus un homme, à part Prudhomme, le vieux jardinier de 73 ans. Que de tracas en perspective dans cette totale désorganisation. Ces belles moissons, tout ce bétail, ce point culminant de l’abondance dans notre ferme deviennent du jour au lendemain la source d’innombrables difficultés sans cesse renaissantes. Louise va les affronter avec un admirable courage, d’autant plus méritoire que, fille d’officier, rien ne la préparait à ce rôle de fermière.

Georges de Bailliencourt, Souvenirs de guerre 1914-1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 2279.

 Par ailleurs, l’annonce de la mobilisation s’accompagne de réquisitions : moyens de transports, chevaux, bétail.

Sans aucun égard pour les conséquences dans lesquelles on plonge les campagnards en les privant de leur principal moyen de communication, on réquisitionne dès le deux août, tous les chevaux du type carrossier. […]

Le bétail particulièrement devient une cause de gros soucis. Les 40 bœufs sont bientôt réquisitionnés à un prix fixé par l’Intendance, bien inférieur au prix d’achat. Est officiellement chargé de l’opération un vétérinaire en retraite de Boulogne-sur-Mer, M. Leduc, homme plein de suffisance, dont les décisions sont sans appel, écrasant toute protestation d’un offensant dédain. […] La réquisition est accompagnée d’un ordre péremptoire d’avoir à livrer les bœufs tel jour, à telle heure, à l’abattoir de Boulogne.

Georges de Bailliencourt, Souvenirs de guerre 1914-1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 2279.