Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

À nous le souvenir, à eux l'immortalité

Sur un front occidental de 700 kilomètres de long, les armées vont s’affronter pendant quatre longues années. À l’issue des combats, le constat est douloureux : la guerre 14-18 a causé plus de décès et de destructions matérielles que toutes les guerres antérieures. Plus de soixante millions de soldats y ont pris part, près de neuf millions de militaires et de civils en sont morts et huit millions devenus invalides. Le Souvenir Français, pendant toute cette période, va aider les familles à retrouver les corps des soldats tués et les soutenir dans leurs démarches.

En 1915, il crée deux cents cimetières militaires et cinquante monuments à la gloire des soldats morts au champ d’honneur. En 1918, ce sont 200 000 tombes qu’il entretient, tant dans les cimetières du front que dans ceux de l’intérieur, et y applique sa devise "À nous le souvenir, à eux l’immortalité".

Saint-Omer, le 30 mai 1915

Remember

Une douloureuse circonstance nous amenait, hier dimanche, à monter la très dure rampe qui conduit au cimetière des Bruyères.

Le vent soufflait avec violence. Et une poussière épaisse et âcre, soulevée en tourbillons, allait teinter d’un gris tenace les frondaisons riveraines.

Aux autos lancés à une foudroyante vitesse, et conduites avec une remarquable sûreté de main, succédaient les motocyclettes lancées à toute allure et montées par de jeunes et vigoureux Anglais au torse harmonieux et souple.

De ci, de là, des femmes en grand deuil, véritables statues de la douleur, s’espaçaient le long de la route, accomplissant un pieux pèlerinage au champ des morts.

D’autres suivaient, elles aussi, la même direction.

Des familles entières où, à l’époque actuelle, hélas, figure surtout l’élément féminin, s’en vont ainsi, utilisant les heures du repos dominical, donner un vivant souvenir à leurs chers disparus et s’agenouiller à l’endroit où, seule encore, repose la mémoire des soldats de Saint-Omer tombés pour la Patrie.

La stèle, érigée par les soins du Souvenir Français, reçoit aussi de nombreuses visites.

Et la foule se pressait, hier, respectueuse et émue, devant les croix où un nom s’érige et au pied de laquelle les fleurs s’épanouissent.

Le Comité audomarois du Souvenir s’acquitte en ce moment d’une très dure mission dont il faut qu’on lui sache gré.

Avec un zèle persévérant, ses membres veillent à ce que les dépouilles mortelles des braves soldats morts dans notre ville soient accompagnés jusqu’au cimetière, à défaut des familles retenues au loin, par un certain nombre de nos concitoyens.

Après la guerre, la noble tâche entreprise par le Souvenir Français devra prendre une extension plus grande encore.

De nombreuses stèles ont été autrefois inaugurées par nos soins.

D’autres devront l’être dans la suite.

Il n’est pas en effet une commune de notre région qui n’ait perdu les meilleurs de ses enfants dont le sang a été généreusement versé pour la défense du sol national envahi, pour la cause de la Justice et du Droit indignement violés.

Et nous savons que le Comité audomarois du Souvenir Français ne faillira pas à ses traditions de dévouement patriotique.

L’idée première du Souvenir Français ne date d’ailleurs pas d’hier.

Lorsque Jeanne d’Arc demandait à Charles VII de bâtir des chapelles et d’y faire prier pour les soldats tués sur le champ de bataille, c’était déjà le Souvenir Français jaillissant du cœur de la sainte héroïne.

Quand, à leur tour, les archers d’Abbeville, qui dégagèrent Philippe-Auguste, à Bouvines, faisaient célébrer annuellement un service funèbre pour leurs compagnons occis au cours du combat, c’était encore le Souvenir Français proclamé par une des plus vaillantes Corporations du passé.

Notre histoire nationale rapporte de nombreux faits identiques, montrant que le souvenir des soldats morts pour la France a toujours été vivace au cœur de ses enfants.

Ce sera l’éternelle gloire de l’intelligent fondateur du Souvenir Français d’avoir donné à ce sentiment patriotique le signe visible le plus expressif, la forme extérieure la plus capable de perpétuer la mémoire des héros, même les plus modestes, tombés au champ d’honneur.

Ses collaborateurs suivent, en province, le noble exemple donné par lui.

Voilà pourquoi le Souvenir Français tient à ne pas démériter du blason qui lui a été donné : la croix sur fond aux couleurs nationales.

L’indépendant du Pas-de-Calais, mardi 1er juin 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 229/30.