Boulogne, le 9 janvier 1915
À Messieurs les Maires du département.
J’ai l’honneur de vous donner ci-après copie d’une circulaire que vient de m’adresser M. le Ministre de l’Intérieur relativement à la notification aux familles des décès des militaires en activité de service :
Il m’a été signalé que les prescriptions de la circulaire du 22 décembre 1898 invitant les municipalités à n’annoncer aux familles qu’avec tous les ménagements possibles les décès des militaires en activité de service ne sont pas observées partout. Dans certaines communes, non seulement les Maires n’entourent pas cette notification des formes qui peuvent la rendre moins douloureuse pour les familles, mais encore font prévenir celles-ci par des agents subalternes qui s’acquittent mal de cette tâche et se bornent parfois à remettre directement sans aucune préparation, ou à envoyer à la famille une simple note mentionnant le lieu et la date de décès.
De semblables façons d’agir ont provoqué, à juste titre, les réclamations et les protestations des familles qui estiment, avec raison, avoir droit à plus d’égards.
Je vous prie donc de vouloir bien rappeler à MM. Les Maires de votre département quels sont leurs devoirs dans ces circonstances et combien il importe que les avis de décès de militaires tués à l’ennemi ou morts des suites de blessures de guerre soient entourés de tous les ménagements possibles et désirables. Vous leur ferez remarquer, en outre, que toute communication de ce genre doit être faite, soit par eux-mêmes, soit tout au moins, par des personnes qu’ils auront spécialement désignées dans ce but après les avoir reconnues aptes à cette mission délicate.
Le Ministre de l’Intérieur,
Signé : Malvy.
Je ne saurais douter, Messieurs, de votre souci de ménager les familles des militaires morts pour la Patrie, mais il importe que vous ne laissiez à personne le soin de les aviser du malheur qui les frappe, lorsqu’aucun de vos agents n’est entièrement qualifié pour cette pénible et délicate mission.
Pour le Préfet,
Le secrétaire général,
G. Bernard.