Le Château de Carieul ou Carleul

Un artilleur, "dont les regards sont depuis trois mois sur ce point", nous écrit cette intéressante lettre, dit l’Écho de Paris :

Carieul fut pour nous, jusqu’au 9 mai, un nom sur la carte désignant un château, dans un parc formé surtout de hauts peupliers, dans un terrain mouillé, à la jonction des deux sources-mères de la Deule : le Carency et le Saint-Nazaire.

Était-ce Carieul ou Carleul ? Nous l’ignorions au juste, car sur nos cartes le point de l’i, prolongeant celui-ci vers le haut, en faisait un l.

Le 9 mai, la ligne allemande avait été dissoute entre Souchez et Neuville ; le 10, elle se cristallisait de nouveau lentement. Le parc de Carieul devint un repaire d’Allemands, qui y installèrent des mitrailleuses jusque dans les arbres, et… un objectif pour nos batteries… Il fallut faire des cartes, des croquis. Les uns avaient lu Carieul, d’autres Carleul. On convint de Carleul, car l’union, là aussi, était nécessaire. Ce nom, cité tous les jours parmi nous, vulgarisé maintenant, est définitif.

Si j’eusse été certain du nom de Carieul, j’aurais tâché de laisser entrer dans l’histoire, sous son nom local, ce lieu désormais historique.

Actuellement, ce château du vallon de Souchez est un tas de pierres parmi des arbres fracassés et parmi les Boches qui s’y terrent. Il disparaîtra peut-être, mais Carleul reste et restera.

Comme pour le plateau de Lorette, tout proche, qui n’était guère connu dans l’Artois que comme la corne est du bois de Bouvigny, c’est sous un nom nouveau que seront connus désormais les lieux dont je parle.

Et vous excuserez ceux qui ont fait et font encore de l’histoire, en Artois, d’avoir, pendant ce temps, violenté quelque peu la géographie.

Si nous les excusons !...

Vous ne faites pas seulement de l’histoire, braves gens : vous refaites la géographie.