Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Les gaz asphyxiants

L’attaque du saillant d’Ypres en avril 1915, préparée pendant de longs mois par les troupes allemandes, marque le début de l’usage massif des agents chimiques et toxiques durant la Grande Guerre. Tandis que le vent souffle en direction des Alliés, des fûts contenant de la chlore sont ouverts à l’avant des lignes. Créant une brèche de six kilomètres dans la ligne de front, faisant près de 5 000 morts et blessant près de 15 000 soldats atteints de lésions respiratoires et cutanées, elle est le prélude à la guerre des gaz. Dans tous les esprits, le gaz asphyxiant devient l’un des symboles de cette nouvelle guerre. Lancés à l’aide d’obus ou par vagues concentrées, les gaz de combat sont avant tout un instrument de terreur dans ce contexte.

Leur utilisation suscite au sein des états-majors l’espoir d’une percée flagrante du front, rendant au conflit la mobilité perdue depuis l’enlisement de la guerre des tranchées. Les soldats confrontés aux effets violents de cette nouvelle arme vivent avec l’angoisse d’une nouvelle attaque et adoptent de fait les réflexes nécessaires à leur survie.

Dans l’urgence, les belligérants sont obligés de développer différents moyens pour protéger leurs soldats : ainsi, au lendemain de l’attaque d’Ypres, les autorités françaises et britanniques commandent des milliers de masques pour le moins rudimentaires, puisqu’ils ne forment qu’un simple barrage avant les voies respiratoires. Au fil des mois, plusieurs types de protection apparaissent, sous forme de cagoules ou de simples tampons imprégnés de solution neutralisante. Sommaires et peu efficaces, ils seront ensuite remplacés par des protections qui engloberont l’ensemble du visage.

Les Gaz asphyxiants

Une arme de prédilection de nos ennemis

Au front

Nous ne savions point ce qu’étaient les gaz asphyxiants ou, du moins, nous ne connaissions, de cet expédient de guerre, pas autre chose que ce que nous en avaient dit jusqu’alors les communiqués officiels.

Deux attaques subies en vingt-quatre heures, au cours desquelles les gaz constituèrent le principal atout de nos adversaires, nous ont instruits suffisamment et ont fourni à nos esprits abondante matière à réflexion.

Ce que nous pouvons en dire n’a d’ailleurs et ne peut avoir que la seule valeur de l’observation personnelle et intéressée.

La question des gaz est, en cette période d’autant plus intéressante que l’attaque par ces gaz semble être le procédé de prédilection de nos ennemis. Inférieurs au point de vue de l’armement, inférieurs aussi au point de vue des munitions, inférieurs encore au point de vue des effectifs, ils ont recours à la seule arme ̶ si on peut appeler ça une arme ̶ qui leur permette soit de s’assurer quelque avantage provisoire, à défaut de succès sérieux, soit de nous forcer à être attentifs, sur tous les points du front à la fois, soit de nous faire du mal sans gros risques pour eux, soit plus simplement encore de nous impressionner.

Les produits qu'ils emploient

Les produits utilisés par les Allemands se classent en trois catégories : les produits seulement suffocants dont l’effet ne laisse pas que d’être provisoire ; les produits asphyxiants, dont les traces dans l’organisme sont ou peuvent être plus durables ; les produits lacrymogènes, dont l’action est toute locale.

Nous laissons de côté les acides et liquides enflammés dont la projection ne saurait s’effectuer sur une grande profondeur et lesquels, par suite, ne peuvent affecter que la toute première ligne.

Les procédés au moyen desquels sont formées les nappes de gaz se ramènent à trois : les jets en avant de la première ligne, lesquels, à force d’être alimentés, arrivent à former des nappes épaisses et étendues ; les obus et bombes et les grenades.

Les nappes, créées par les jets, qui, simultanément partent de plusieurs points de la tranchée ennemie, progressent lentement, aidées par le vent favorable. La hauteur de ces nappes atteint généralement plusieurs mètres.

Les obus, presque toujours des obus de gros calibre servent à former un barrage sur une ligne déterminée et aussi à augmenter la densité des nappes et à supprimer dans celles-ci des lacunes ou solutions de continuité.

Les grenades, lancées avec divers appareils ou à la main, n’ont qu’une efficacité restreinte et ne sont utilisées que sur de courtes distances.

Les moyens de préservation

Les moyens de préservation mis à la disposition de nos soldats garantissent la parfaite innocuité des gaz, mais il reste des inconvénients qui ne sont point négligeables et qu’il n’est pas possible de supprimer complètement : l’obscurité créée par les gaz rend l’observation difficile ; la transmission des ordres est forcément plus lente ; l’exécution s’en ressent. N’oublions pas qu’il est recommandé aux gradés de ne point parler et de se faire comprendre de leurs hommes par gestes.

Les mesures contre les gaz doivent être de deux sortes ; celles qui visent la protection personnelle de l’homme et celles qui se rapportent à la préservation des abris.

Il est, sans doute, recommandé aux hommes de ne pas séjourner dans les abris où la condensation des gaz s’opère facilement. Il faut néanmoins admettre que certains abris ne peuvent pas, ne doivent pas être abandonnés sous peine de désorganiser la défense : abris de commandement, abris de téléphone, etc.

Donc, il est essentiel de rendre les abris "tenables".

Dans certains corps, le service sanitaire avait eu l’idée, à un moment, de créer des salles d’entraînement contre le gaz. Les hommes auraient pris l’habitude de séjourner le plus longtemps possible, munis des appareils protecteurs, dans une salle hermétiquement close et saturée de gaz.

Que vaut cette idée ?

Il serait sot de dire : les gaz asphyxiants, on n’y résiste point ; les herbes et les plantes elles-mêmes se dessèchent et meurent sur le passage de vagues délétères ; comme il serait vain de prétendre : les gaz asphyxiants, ça n’est pas plus dangereux que les boules puantes et ça sent moins mauvais.

La vérité est également éloignée de ces deux manières de voir. On se défend contre les gaz asphyxiants à condition de vouloir et de savoir.

La France du Nord, dimanche 7 novembre 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/93.

Les gaz asphyxiants à Béthune

Après une canonnade qui dura toute la nuit et atteignit à l’aube son maximum d’intensité, les Boches profitèrent, jeudi matin, du vent de l’Est, comme ils le font partout, pour lancer sur notre secteur leurs gaz délétères, dit le patriote de l’Artois publié à Béthune.

La nappe opaque sortit de leurs tranchées, obscurcissant la campagne ensoleillée et roula comme les vagues de l’Océan vers les positions occupées par nos troupes. Elle les déborda et gagna l’arrière, poussée par une bonne brise, qui l’étendait en volutes blanchâtres.

Nous ne trahissons aucun secret en disant que notre ville se trouva sur le passage de ce nuage malodorant.

Mais les gaz nocifs s’étaient déjà dilués dans l’air pur du matin et les précautions prises à l’avance étaient plus que suffisantes pour écarter tout danger.

Il y eut quelque surprise, et rien de plus.

On constata une forte odeur de chlore, et l’on exécuta la consigne donnée pour se protéger.

Le nuage passe entre sept et huit heures.

Nous savons qu’il porta ses parfums bien au-delà de notre ville, mais sans incommoder personne.

Les Boches peuvent donner à notre laborieuse population une nouvelle séance. Outre les connaissances théoriques déjà acquises, chacun a maintenant profité de l’expérience, et les empoisonneurs en seront à leurs frais. Ils ne tueront que nos chiens et nos poules, ce qui est déjà beaucoup trop.

La France du Nord, mercredi 3 mai 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/94.