Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Rats et poilus

Aquarelle montrant une tranchée.

Beuvraignes. Laufgraben zwischen den Grundmauern [Beuvraignes. Ligne de tranchée passant au travers de fondations]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 47 Fi 50.

Pendant la guerre de position, les poilus s’enterrent dans les tranchées pour s’y reposer, attendre et préparer l’assaut dans des conditions d’hygiène insoutenables. Les corps sont soumis aux multiples agressions que sont l’humidité, les engelures, brûlures et plaies purulentes… S’y ajoutent les odeurs pestilentielles d’urine, de transpiration et de cadavres en putréfaction, rendant l’atmosphère nauséabonde.

Leur vie y est de plus marquée par la prolifération de poux, de vermine et surtout de rats, attirés par la nourriture, les déchets des armées stationnaires et les cadavres que les soldats ne peuvent enterrer. Dans ces conditions, tenir une tranchée, c’est aussi pour les poilus combattre jour et nuit contre ces rats engraissés de chair humaine et ces poux gavés de sang des soldats. En dehors de la répulsion légitime et des dégâts matériels causés par ces rats, ils entraînent des maladies infectieuses et sont susceptibles de propager des épidémies.

Dans les tranchées, les "poilus" craignent plus les rats que les Boches

Les Boches ne nous font pas plus peur que leurs marmites et leurs balles, nous écrivent quelques soldats du front. Mais nous avons d’autres ennemis qui, pour être plus petits, n’en sont pas moins redoutables, et si étrange que cela puisse paraître, les « poilus » qui n’ont pourtant pas froid aux yeux – ils l’ont assez prouvé – tremblent devant eux car ils n’ont pas d’armes pour les combattre.

Ces ennemis, ce sont les rats. Ces vilaines bêtes pullulent dans les tranchées et dans les cantonnements. Elles sont tellement grosses que, le soir, par temps clair, on les prendrait, à distance, pour des petits lapins. Dame ! elles sont bien nourries depuis que nous sommes là : nous ne savons plus où cacher notre pain et nos autres provisions ; elles vont les chercher jusqu’à dans nos musettes ! Et quand les rats y ont passé, vous pensez bien que nous n’avons plus d’appétit et que nous nous empressons de jeter les aliments qu’ils ont souillés.

La nuit, quand nous prenons un peu de repos, bien gagné, ils trottinent sur nous et rien ne nous est plus désagréable que de nous réveiller en sentant leurs sales pattes sur notre visage. Leur audace en est telle que, si nous ne conservions nos souliers pour dormir, ils viendraient nous croquer les doigts de pied.

Non seulement ils sont des animaux répugnants, mais encore ils sont plus dangereux […]

À tout instant nous risquons, nous aussi, d’être mordus par ces indésirables compagnons de tranchées. Nous sommes tous prêts à mourir pour la patrie, mais pas de cette façon là ! Et vous pouvez croire que nous, les poilus, redoutons les rats, au point que nous n’osons plus nous endormir malgré notre fatigue.

Ne pourrait-on donc nous débarrasser de ces animaux, en plaçant dans les tranchées de gros pièges ou bien des grains empoisonnés ? Ils croissent et se multiplient avec une effrayante rapidité. Si cela continue, les tranchées vont devenir absolument… inhabitables.

Qu’on nous débarrasse au plus vite de ces répugnants compagnons, conclut notre poilu, quand il ne restera plus que les Boches, nous nous en chargerons tout seuls…

Le Boulonnais, vendredi 30 juillet 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 49/25.