M. Gaston Thomson à Arras
M. Gaston Thomson, ministre du Commerce, après avoir visité plusieurs bureaux de la Somme et du Pas-de-Calais, s’est rendu à Arras, afin de féliciter le personnel des postes, qui malgré le bombardement presque incessant de ces dernières semaines, continue d’assurer le service dans cette malheureuse cité. L’ancien local ayant été récemment anéanti par des obus incendiaires, ce personnel a dû se réfugier dans un autre édifice, dont les caves lui servent d’abri quand le bombardement devient particulièrement intense.
Le ministre, ayant visité les nouvelles installations, a réuni les agents et sous-agents, et après avoir applaudi à leur courageuse attitude au nom de l’administration, il a ajouté :
"… le directeur du personnel, qui m’accompagne ici et que j’avais chargé de féliciter ceux des vôtres qui accomplissent leur tâche jusque sous les obus sur tout le front, me racontait qu’il avait rencontré dans la région de l’Est un facteur bien malheureux. Un officier lui avait interdit l’accès d’une route comprise dans sa tournée, pour l’excellente raison que cette route était copieusement bombardée. Et le facteur de s’écrier : "Pourtant il faut bien que le service se fasse !" Cette phrase, vous en avez fait votre devise. Oui il faut que le service se fasse. Et c’est ce souci patriotique qui a soutenu l’énergie, le courage, la constance des agents et sous-agents depuis le début des hostilités, qui leur a valu l’admiration unanime dont les citations à l’ordre du jour sont l’éclatant témoignage.
C’est ce souci patriotique qui animait nos receveuses lorsqu’elles restaient à leur bureau dans les communes envahies jusqu’à l’arrivée de l’ennemi, lorsqu’elles reprenaient leur travail avant même que l’évacuation fut complète.
C’est à ce souci qu’obéissent tous ceux qui, comme vous, continuent, derrière nos lignes, leur tâche dans les localités bombardées.
C’est cette belle conscience du devoir qui vous permettra, malgré de monstrueux attentats comme la destruction d’Arras, d’accomplir votre œuvre jusqu’au jour où ces ruines se relèveront, jusqu’au triomphe certain de la civilisation sur la sauvagerie des incendiaires".
Le ministre, accompagné du personnel, s’est ensuite rendu sur l’emplacement du palais Saint-Vaast, où fonctionnait précédemment la poste et dont un récent bombardement vient d’achever la destruction.