Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Art et charité

Durant la guerre, les œuvres de charité ont souvent fait appel au concours d’artistes pour les seconder dans leur mission. À côté du théâtre aux armées, on voit ainsi se développer un grand nombre de concerts et de représentations théâtrales à l’arrière du front, destinés à lever des fonds. Le public ne boude pas ses festivités, heureux de se divertir et d’oublier un instant les affres de la guerre tout en contribuant à l’effort de guerre.

La presse annonce volontiers ce type d’événements, comme en témoigne l’article suivant publié dans Le Télégramme.

Art et Charité 

L’art et la charité, voilà deux choses que les Boulonnais connaissent bien, qu’ils ont coutume d’associer et pour lesquelles on ne fait jamais appel en vain à leur goût très sûr et à leur chaude sympathie.

Aussi, suis-je bien certain que le grand gala organisé au théâtre municipal pour samedi prochain sera un très gros succès à tous les points de vue.

Un gala, une fête, en pleine guerre ! Oui, et c’est très bien. Les distractions saines sont permises ; elles sont souvent nécessaires. Notre esprit a besoin d’être détendu de temps en temps. S’accorder quelques récréations, quelques amusements, ce n’est pas oublier, encore moins s’étourdir : c’est donner à notre moral qui le réclame un agréable repos et plus de ressort pour l’avenir.

[…]

Le Télégramme, mercredi 27 septembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/26.

Au lendemain des représentations, certains titres proposent des comptes-rendus dans leurs colonnes.

Dans son édition du 16 septembre, La France du Nord applaudit L’Espionne de Victorien Sardou, pièce donnée le 13 septembre 1916 à Boulogne. Auteur dramatique reconnu, membre de l’Académie française, Victorien Sardou est de son temps autant joué que ses deux maîtres Émile Augier et Alexandre Dumas fils.

Initialement intitulée Dora lors de sa première le 22 janvier 1877 au théâtre du Vaudeville à Paris, sa pièce connaît un tel succès qu’une adaptation (sous le titre Diplomacy) est montée l’année suivante outre-Manche.

En 1905, au théâtre de la Renaissance, Victorien Sardou propose une nouvelle version de sa comédie en quatre actes ; ce sera L’Espionne.

En septembre 1923, le cinéaste Henri Desfontaines présentera une adaptation cinématographique de la célèbre pièce de théâtre.

La représentation au profit de l’œuvre du Foyer du soldat aveugle

Une fois de plus, le public boulonnais a tenu à montrer qu’il répondait toujours avec un magnifique élan à l’appel fait à ses sentiments de reconnaissance envers ceux qui se sacrifient pour la liberté et la grandeur de la patrie. C’est devant une salle comble que fut représentée mercredi L’Espionne de Victorien Sardou, avec le concours d’artistes de l’Odéon.

L’œuvre "du Foyer du soldat aveugle" au profit de laquelle était donnée cette belle représentation mérite le plus actif encouragement, car son but immédiat est d’apporter aux malheureux frappés d’une des plus grandes misères humaines une aide matérielle et un réconfort moral.

L’une des artistes, Mme Jeanne Rolly, a lu un vibrant appel aux heureux qui voient encore la lumière du ciel , en faveur de ceux qui, plongés dans la nuit éternelle, ne verront plus ni les clairs matins ni les couchants resplendissants, ni les traits des êtres chers, et qui, partis une chanson aux lèvres, reviennent désespérés, guidés par une main amie, chercher à tâtons le foyer désormais sans joie.

Aussi, est-ce avec le plus vif empressement que les spectateurs accueillirent Mme Jeanne Rolly, lorsqu’elle vint solliciter de leur générosité une obole pour les soldats aveugles. En échange, il leur fut remis une carte d’une réelle valeur artistique.

La satisfaction d’apporter leur concours à une œuvre si touchante s’est doublée pour nos concitoyens de l’intérêt offert par la pièce elle-même, interprétée de la meilleure façon par les artistes du second Théâtre Français.     

Chacun des rôles, d’un caractère si différent, fut rempli avec une égale perfection. Les seconds rôles eux-mêmes furent excellemment tenus.

Mmes Jeanne Rolly et Guéreau possèdent une réelle puissance d’expression dramatique. L’une a donné au personnage de la comtesse Zicka un relief saisissant ; l’autre, au talent si souple, a été une Dora tour à tour enjouée, touchante, passionnée.

Mme Suzanne Théray a campé de magistrale façon le personnage de la marquise Rio Zarès, une vivante et pétulante Espagnole à laquelle de multiples déplacements n’ont rien fait perdre de son original accent.

Le jeu puissant de M. Savoy dans le rôle de Maurillac exprimant avec la même vérité les sentiments de tendresse et de douleur contenue, s’opposait très heureusement au scepticisme aimable de son ami Lucien Favrolle, dont le rôle était tenu par M. Scey.

Le personnage de Tekli a permis à M. Jacques Robert de mettre en valeur de grandes qualités de force, principalement dans la scène du second acte avec Maurillac, du caractère le plus dramatique.

Le public n’a pas ménagé ses applaudissements aux vaillants artistes qui après chaque acte ont été contraints de venir plusieurs fois saluer l’assistance.

Nous souhaitons qu’ils obtiennent partout où ils prodiguent leurs efforts en faveur de l’œuvre du Foyer du soldat aveugle, le même succès qu’à Boulogne ; c’est, croyons-nous, la récompense à laquelle ils aspirent et qui a tant de titres leur est due.

La France du Nord, samedi 16 septembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/95.