Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)
Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :
Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.
Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.
Collection particulière. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 num 01 30/177.
Collection particulière. Archives départementales du Pas-de-Calais, 5 num 01 30/177.
Les sous-marins allemands, bien plus perfectionnés que ceux de leurs adversaires, sont un rouage essentiel de la guerre navale décidée par le Kaiser. Éléments-clé de la stratégie d’attaque, leur mission est d'isoler les Alliés, en handicapant grandement leur approvisionnement en matière première ou encore leur acheminement de troupes.
Parti de sa base de Zeebrugge (en Belgique) le 26 décembre, le sous-marin allemand UC 1, mis en service le 26 avril 1915, met le cap vers la rade de Calais où il dépose furtivement une douzaine de mines dans la nuit du 27 au 28 décembre 1916. Cette mission de minage est la première de ce type pour l’Oblt. Oskar Steckelberg, nommé à la tête de ce sous-marin le 17 décembre dernier.
Dans le sillon des flots, au large de Boulogne,
Le Boche a terminé son infâme besogne.
Il a semé l’engin, comme un voleur, la nuit,
Et s’est enfui, sous l’eau, perfidement, sans bruit, En se frottant les mains, satisfait de son crime.
La mine est là, cachée ; elle attend sa victime.
Bientôt, au moindre heurt, sous la barque en lambeaux,
Les vagues vont s’ouvrir, comme autant de tombeaux,
Traînant, dans les bas-fonds, des cadavres sans bière, Sans l’ombre d’une croix, sans l’abri d’une pierre !
[…]
"Au devoir. Les ramasseurs de mines", La Guerre en Artois, sous la direction de Mgr Lobbedey, Paris, 1916, p. 398. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHA 1877.
Cette même nuit du 27 au 28 décembre 1916, le torpilleur français 317, mis en service en février 1906, patrouille devant Calais. Au petit matin, il heurte une mine : l’arrière du navire explose et le bâtiment coule en quelques minutes, provoquant la noyade de dix-huit hommes de son équipage. Morts pour la France, ils font l’objet d’une citation. Seuls trois d’entre eux survivent au naufrage.
Quant au commandant Joseph Bouleau, il reçoit la croix de guerre ainsi qu’une inscription au tableau spécial de la Médaille militaire du 6 février 1917.
Dans la nuit du 27 au 28 décembre, cinq bâtiments de la 2ième escadrille de patrouilleurs, commandés par le capitaine de frégate Bixeuil, et trois torpilleurs, sont en surveillance aux atterrages de Calais, entre le Gris-Nez et Gravelines.
À une heure du matin le torpilleur 317 (commandant : premier-maître Joseph Bouleau) sort du bassin Carnot et va prendre son poste de patrouille. La mer calme et la nuit sans lune sont particulièrement favorables aux évolutions de sous-marins. L’obscurité est si grande qu’à quatre heures du matin le chalutier Jeannot s’échoue à quelques centaines de mètres de la jetée Est. Le torpilleur 314 se porte à son secours et essaie vainement de le dégager.
Brusquement, à 4 h 40 du matin, les veilleurs du front de mer au bastion XII aperçoivent la lueur et le bruit d’une explosion sur un autre point de la rade, tandis que monte, dans le ciel, une fusée d’alerte. Aussitôt le bastion XII donne l’alarme au port.
C’est le torpilleur 317 qui vient de sauter sur une mine, à 200 mètres environ des bouées de la rade. L’explosion s’est produite à l’arrière du navire qui se cabre et coule verticalement, l’étrave en l’air, en moins de 90 secondes. Aucune manœuvre n’a été possible ; sans perdre leur sang-froid, les vingt-deux hommes d’équipage ont revêtu leurs ceintures de sauvetage. L’un d’eux a eu le temps de lancer la fusée l’alerte qui a été aperçue par les autres patrouilleurs et le front de mer.
Tous les hommes se sont jetés à l’eau et s’efforcent de rester groupés, pleins d’espoir d’un prompt secours, mais le froid les saisit et ils coulent un à un frappés de congestion.
Le chalutier Lorientais (commandant : enseigne de vaisseau Bouygue) arrive le premier sur les lieux de l’explosion. En entendant crier "au secours", il allume son projecteur et aperçoit un homme hissé sur une bouée de la rade, deux autres nagent à proximité, un quatrième est encore repêché à temps, tous les autres sont morts et partis à la dérive. Les torpilleurs 350 et 314, sortis du port à la première alerte, rallient le Lorientais et, guidés par leurs projecteurs, effectuent jusqu’à l’aube des recherches. Six corps seulement furent retrouvés flottant déjà entre deux eaux.
À sept heures du matin, le Lorientais rentrait au port et s’amarrait au quai Devot où les ambulances et le personnel médical de l’hôpital militaire recueillirent les survivants et les morts. Ces derniers furent enterrés le dimanche 31 décembre à 9 heures du matin. La presse n’eut pas le droit de faire la moindre allusion à la perte du torpilleur et de ses dix-huit hommes d’équipage tombés au champ d’honneur en défendant les abords du port de Calais.
A. Chatelle, G. Tison, Calais pendant la guerre (1914-1918), Paris, libr. Aristide Quillet, 1927, p. 158. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 32.