Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

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Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

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Éducation physique et préparation militaire

La question de l'éducation physique s’est posée en France sous forme législative avec la loi du 15 mars 1850, introduisant l'enseignement de la gymnastique dans les écoles primaires à titre facultatif, puis obligatoire dans les lycées et les collèges, les écoles normales primaires et écoles annexées en vertu du décret du 3 février 1869. C’est la loi du 27 janvier 1880 qui rend obligatoire l'enseignement de la gymnastique dans tous les établissements d'instruction publique dépendant de l'État, des départements et des communes.

La préparation militaire apparaît, quant à elle, avec l'article 1 de la loi du 28 mars 1882, prévoyant que l'enseignement primaire obligatoire comprendra des exercices militaires pour les garçons.

Il n'y a pas que dans les lois d'enseignement public que soit ainsi posé le principe de l'obligation soit de l'éducation physique, soit de la préparation militaire. Deux lois organiques de recrutement s'en sont aussi préoccupées, celles de 1889 et de 1905. Le Parlement détermine, par l’article 85 de la loi du 15 juillet 1889 :

  • les mesures à prendre pour rendre uniforme dans tout établissement d'enseignement l'application de la loi du 27 janvier 1880 ;
  • l'organisation de l'instruction militaire pour les jeunes gens de dix-sept à vingt ans et le mode de désignation des instructeurs.

Un certain nombre d'efforts d'ordre législatif ou administratif sont ensuite faits pour répondre aux attentes en ce domaine :

  • loi du 17 août 1903 instituant le brevet d'aptitude militaire ;
  • instruction du sous-secrétaire d'État à la Guerre en date du 7 novembre 1908, donnant aux sociétés de préparation militaire une charte qui devait avoir un caractère provisoire ;
  • arrêté du ministre de l'Instruction publique du 25 juillet 1913, introduisant le tir dans les programmes de l'enseignement primaire ;
  • et constitution en 1913 d'un comité consultatif sous la présidence de Paul Doumer.

L'Union des sociétés de préparation militaire de France, présidée depuis le 6 janvier 1907 par Adolphe Chéron, est placée sous le patronage de membres du Parlement, tels qu’Henri Brisson, Ferdinand Buisson ou Maurice Berteaux, et d'officiers généraux et d'éducateurs (général Pédoya et Édouard Petit).
Par des conférences, elle provoque la création de sociétés dans les départements ; par des congrès, elle coordonne et règle l'activité de ses adhérents. Les concours annuels auxquels assiste le président de la République sont basés sur les matières exigées des candidats pour l'obtention du brevet d'aptitude militaire.

Le 30 mai 1916, en pleine guerre et à la suite d'une assez longue délibération, le Sénat vote à l'unanimité une proposition de loi instituant la préparation militaire obligatoire des jeunes Français, et remettant pleins pouvoirs d'organisation par décret au ministre de la Guerre.

À la suite des vives protestations de sportifs, qui refusent les réglementations proposées dans le projet d’Adolphe Chéron, se pose la question, relayée par l’article de Léon Sénéchal, de l’obligation de la préparation militaire de la jeunesse française et de l’institution d’une gymnastique d’Etat obligatoire.
Tandis qu’Adolphe Chéron estime qu’aussi fécondes aient été les initiatives du milieu sportif, elles ne peuvent se substituer à un effort d'éducation systématique et général, d’autant plus nécessaire pour un pays en pleine guerre, Léon Sénéchal rappelle, lui, que le Français a certes le goût du sport mais qu’il répugne à son obligation, et s’appuie sur l’idée que la culture physique serait même impuissante à fortifier les muscles du malingre et du débile de mauvaise volonté . Il préfère glorifier l'effort accompli dans le domaine de l'éducation physique par l'union des sociétés de gymnastique de France et toutes les sociétés qui ont répandu depuis des décennies le goût et la pratique des sports. Elles arriveront selon lui à de meilleurs résultats que la contrainte de l’État, qui devrait se contenter de soutenir financièrement les associations. 

Éducation physique et préparation militaire

On sait que le projet de loi Chéron a pour but de rendre obligatoire la préparation militaire de la jeunesse française. Il a semblé opportun de préconiser, pendant la guerre, l’embrigadement de la jeunesse au sein de sociétés de préparation militaires. Pourquoi ne point transformer les lycées, les écoles en casernes et apprendre l’à droite par quatre aux enfants des écoles maternelles ?

Certes, tout le monde est d’accord sur la nécessité de la meilleure éducation physique possible pour tous les jeunes Français !

Personne, non plus, ne niera l’urgence d’une préparation militaire efficace !

Seulement pourquoi instituer une gymnastique d’État obligatoire ?

Les sportifs protestent ! Ils ont raison ! Ils accepteront les encouragements officiels et même les subventions de l’État, mais en aucun cas ses réglementations.      

Ils font justement remarquer que l’exercice physique ne vaut que par l’appétit et la bonne volonté individuels de ceux qui le pratiquent, par la compétence et l’entrain individuels de ceux qui le dirigent !

La culture physique obligatoire serait impuissante à fortifier les muscles du malingre et du débile de mauvaise volonté ! Par contre, elle entraînerait la mort du sport qui, comme l’art, ne peut vivre que de liberté !

C’est au nom de la meilleure éducation physique possible que les partisans de la thèse sportive réclament l’entière indépendance du sport. "Que l’on contraigne au sport, si l’on peut, écrit en un style lapidaire un président de club athlétique, ceux qui n’en font pas ; mais que l’on f…e la paix à ceux qui en font."

C’est aussi notre avis. Le Français a pris le goût du sport depuis quelques années. En revanche, il répugne à l’obligation. Pourquoi ne pas mettre à profit ses dispositions et ses goûts plutôt que de les heurter ? Que ne peut-on attendre de cette jeunesse française qui, d’elle-même, sans aide gouvernementale, autant dire, a fondé l’œuvre de sa régénération physique par les sports sur les ruines de deux entreprises officielles : les bataillons scolaires et la loi de 1880 sur la gymnastique soi-disant obligatoire ?

En résumé, voici les seules mesures qui nous paraissent efficaces : Préparation Militaire par une excellente éducation physique ! Éducation physique par le libre développement des sociétés sportives de tous genres !

Encouragements et primes importantes aux sociétés sportives qui auront transformé des malingres, des débiles, ces "illettrés du muscle" ! Les sociétés sportives arriveront à de meilleurs résultats par la persuasion et l’exemple que les moniteurs officiels de l’État par une contrainte maladroite ! Que l’État subventionne largement des clubs athlétiques, les sociétés de football, de sports nautiques, les sociétés de tir et de gymnastique, et, que les communes fournissent des terrains, des stands pour le tir ! Cela ne vaudrait-il point mieux que de former de jeunes virtuoses de l’à droite par quatre et du "pouce bien allongé dans l’évidement du fût" au sein de sociétés de préparation militaire obligatoire qui menaceraient l’existence des Sociétés sportives les plus florissantes ?

Léon SÉNÉCHAL

Le Télégramme, lundi 20 novembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/26.