Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

La Ligue patriotique des Françaises

Document imprimé sur lequel on lit : "Ligue patriotique des Françaises. Action libérale populaire. Salle des concerts. Conférence du 19 février 1906, à quatre heures. Carte d'entrée de famille".

Ligue patriotique des Françaises. Conférence du 10 février 1906, carton d'invitation. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 195/10.

La Grande Guerre constitue un moment particulier dans l’histoire de la Ligue patriotique des Françaises, association dont les statuts ont été déposés à la Préfecture de police en avril 1902.
Sa position s’affirme sous l’effet d’une prise en charge de plus en plus importante des populations civiles et militaires, en concurrence parfois avec d’autres organisations féminines laïques ou avec les pouvoirs publics, mais aussi en collaboration étroite avec ces derniers.

Du travail de ses membres durant le conflit, on ne connaît souvent que le rôle de fournisseuses de colis ou d’infirmières au sein de la Croix-Rouge. Pourtant, puisque l’État ne peut soulager toutes les détresses et que la majorité des hommes est au front, la Ligue participe activement à l’encadrement des populations civiles, voire militaires dans une moindre mesure.
Les enfants font l’objet d’une attention particulière, ainsi que les femmes de soldats, poussées pour la plupart dans les usines pour remédier au manque de main d’œuvre masculine. On retrouve aussi les Ligueuses comme marraines de guerre et auprès des mutilés.

Outre l’accompagnement spirituel et moral des soldats, la Ligue patriotique des Françaises assume une partie notable du soutien matériel des troupes et des prisonniers de guerre, avec l’envoi de milliers de chaussettes ainsi que du linge de corps et des lainages, dont la majeure partie est produite dans les ouvroirs. Un aspect peu connu de l’action des associations durant la guerre est celui du renseignement auprès des familles : par son réseau très étendu dans toute la France mais aussi par les liens qu’elle entretient avec les aumôniers sur le front, la Ligue maintient des relations entre les familles et les soldats au front, et entre les habitants des régions envahies et ceux restés à l’arrière.

Ce qu’écrivent les Artésiennes réfugiées

De l’émouvante chronique publiée pour les Ligueuses du P.-de-C., nous détachons ces quelques passages :

Des régions les plus diverses, nous arrivent des lettres de Ligueuses, évacuées, dispersées, isolées, ruinées parfois, inquiètes sur le sort des leurs ou trop souvent hélas ! frappées dans leurs plus chères affections. Avec des nuances diverses, suivant l’origine, l’éducation, le caractère, toutes expriment un sentiment commun : l’espoir indéfectible en la victoire finale ; toutes sont admirables de foi, de résignation, de courage tranquille. […]

Les réfugiées artésiennes, où qu’elles soient, aspirent ardemment au retour dans la ville ou le village aimé…

Que retrouveront à leur retour les Ligueuses de Vermelles, où après un siège historique, tout fut rasé ? Celles de Cuinchy, dont le territoire connut tant de glorieux combats ? Celles d’Annay-sous-Lens, qui s’enfuirent une nuit, à la lueur des incendies, dans la direction de Béthune, tandis que les Allemands s’avançaient par les routes de Lille et de Carvin ; celles de La Couture, où l’église fut longtemps le point de mire de l’artillerie boche ?

Faut-il parler d’Arras ?... Au milieu de tant de désastres, la ruine aura un douloureux retentissement dans le cœur de beaucoup d’entre nous dont la jeunesse s’écoula dans ce paisible asile, sous la direction clairvoyante et avisée des éducatrices de premier ordre qu’étaient les Bénédictines de l’Adoration perpétuelle. Là-bas, en Ecosse, sur les hauteurs de Corbelly-Hill, où ces saintes religieuses sont réfugiées, les destructions sauvages de décembre 1915 renouvelleront l’amertume des sacrifices passés. […]

Dans les communes voisines, où la Ligue comptait de florissantes sections, les désastres, toutes proportions gardées, ne sont pas moindres.

Achicourt, si souvent bombardé, a perdu [censure] le 25 novembre ; Saint-Nicolas reçoit régulièrement des obus lourds ; de Roclincourt, il ne reste rien ; Saint-Laurent, partiellement détruit, est partiellement occupé par les Allemands, dont les tranchées sont toujours à un kilomètre et demi d’Arras ; sont également occupées par l’ennemi : nos sections d’Athies, de Feuchy, de Fampoux au nord de la ville ; de Mercatel, de Boisleux, de Boiry, de Boyelles, au sud.

De Bapaume, des sections y rattachées, envahies depuis seize mois, et de toute cette région, les nouvelles n’arrivent qu’exceptionnellement. Nous savons cependant que Mme Paul Deron, ex-secrétaire du Comité bapalmois, qui, avec une compétence et un dévouement au-dessus de tout éloge, dirigeait dans cette ville, une ambulance de la Croix-Rouge, a courageusement continué, après l’arrivée des Allemands, à remplir son ministère de charité.

À Maroeuil, continuellement bombardé depuis les premiers jours de novembre 1914, et presque totalement évacué par la population civile, notre vaillante présidente, Mme Mougin, a organisé un poste de secours dans sa propre maison, dès le début de la guerre. Gravement blessée par un éclat d’obus, et citée à l’ordre du jour ainsi que sa fille, Mlle Louisette Mougin, aussi bonne patriote qu’ardente Ligueuse, elle a poursuivi sous la mitraille la noble mission qu’elle s’était donnée. À notre active secrétaire, qui vient d’épouser à Luçon, un jeune officier blessé une première fois, à demi asphyxié et laissé pour mort à Tahure, enfin guéri et objet d’une glorieuse distinction, nous offrons nos meilleurs souhaits et félicitations.

La Chronique se termine ainsi :

Si, à l’effort personnel et au souci de réconfort d’autrui, nous ajoutons l’humble recours à Celui qui écoute nos prières, et se plaît à exaucer les désirs de nos cœurs, nous aurons hâté, autant qu’il est en notre pouvoir, l’avènement du jour libérateur et aidé à la reconstitution d’une plus grande France.

Une Artésienne

La Croix du Pas-de-Calais, dimanche 30 janvier 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/18.