Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture exceptionnelle jeudi 12 juin 2025 au matin

Pour raison de service, la salle de lecture du centre Mahaut-d'Artois sera exceptionnellement fermée ce jeudi 12 juin 2025 de 09h à 13h. 

Nous nous excusons pour la gêne occasionnée.

Le jeu des QuatrArmes, cadeau de Noël idéal des poilus

Dessin montrant deux soldats assis devant un plateau de jeu. En dessous, on lit : "Les Quatrarmes, plus amusant que les dames, plus simple que les échecs. n° 1, cartonné, 48 pions carton : 1,95 franc. N° 3, entoilé, se pliant en 4, 48 pions carton (modèle spécial pour l'envoi aux prisonnier ou aux tranchées) : 2,75 francs. N° 4 : en boîte cartonnage riche, pions bois : 3,50 francs. N° 5 : en boîte cartonnage riche (grand modèle) : 4,50 francs. En vente au Lion d'Arras".

Les Quatrarmes, plus amusant que les dames, plus simple que les échecs. Illustration parue dans Le Lion d'Arras du 25 décembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.

Le déclenchement de la guerre a encouragé la création de nombreux jeux et jouets allusifs à la guerre et à la patrie, dont le rôle est d’expliquer et de justifier le conflit. Les jeux de stratégie et de plateau invitent alors les joueurs à construire une tactique menant à la victoire. Dans son journal du 25 décembre 1916, Le Lion d’Arras vante ainsi le "jeu des QuatrArmes" comme le meilleur cadeau de Noël à offrir aux Poilus : Plus amusant que les dames. Plus simple que les échecs , il serait, selon le journal, appelé à un vif succès et spécialement étudié pour le front.

Ce jeu de pions à règles simples et à tactique raffinée a été édité par H. Bouquet à Paris en 1915 et a reçu la médaille de vermeil au concours Lépine 1916. La boîte en carton agrafée, de 30 sur 39 cm, renferme un plateau au format 29 sur 32 cm. Celui-ci oppose quatre tranchées alliées à quatre tranchées ennemies ; les pions sont des fantassins, des cavaliers, des canons et des avions. Chaque arme a son déplacement et sa puissance propre. Les règles du jeu sont proposées en français et en anglais ; il se joue à deux et s’accommode de fait du vocabulaire guerrier.

La lithographie couleur qui illustre le couvercle de la boîte est signée O’Galop, alias Marius Roussillon (1867-1946), peintre et dessinateur humoristique qui a beaucoup travaillé dans la publicité et qui produira de nombreuses affiches et films d’animation visant à soutenir et à exalter l’effort de guerre. Elle présente deux des protagonistes majeurs du conflit, le général français Joseph Joffre et l’allemand Friedrich Wilhelm von Hohenzollern, le Kronprinz, fils aîné du Kaiser et prince héritier de l’empire. Ils sont en train de terminer une partie plutôt mal engagée pour le second : ce dernier semble désappointé devant la stratégie d’un Français réjoui de lui avoir ravi un grand nombre de pions.

Ce dessin de propagande vante indéniablement le génie de Joffre, un général confiant et souriant, qui, à défaut de gagner des batailles sur le terrain, se débrouille à merveille au jeu des QuatrArmes, face à un Kronprinz complètement dépassé, dont la silhouette efflanquée est une cible de choix pour les caricaturistes.

Le jeu des QuatrArmes

Le Lion d’Arras est parfaitement sûr de rendre un service de premier ordre à nos soldats du front en leur recommandant chaudement le jeu des QuatrArmes.

Ce jeu nouveau, appelé à un succès vif et durable, s’apprend facilement.

Celui à qui le jeu de dames est familier l’apprend en une partie ; celui qui l’ignore, en trois ou quatre.

Mais combien plus intéressant, fécond en combinaisons, fertile en surprises.

Chaque joueur a ses trois canons, ses deux avions, ses cinq cavaliers et ses dix fantassins. Comme les échecs, c’est le jeu de la guerre, mais il ne tourne pas comme eux au casse-tête, et il faut déjà que les partenaires soient de belle force pour qu’une partie dure une demi-heure.

Le jeu entoilé, avec ses pions, étudié spécialement pour le front, tient dans une pochette plate : l’instruction en français et en anglais l’accompagne. Toutes les marraines voudront l’envoyer à leurs filleuls. Le Lion d’Arras, qui l’aime avec passion, peut les assurer que nulle étrenne ne travaillera aussi bien à "chasser le cafard".

Le Lion, lundi 25 décembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.