Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Les Australiens et la France

Gravure couleur montrant des soldats défilant.

Détail de la gravure "La Journée du Pas-de-Calais (Pas-de-Calais Day), août 1918. Ils ne passeront pas ! (They will not break through !)". Trois estampes lithographiques en deux états et deux gravures sur bois originales par A. Mayeur, août 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 403/7.

En 2016, l'Australie et la Nouvelle-Zélande étaient les invitées d'honneur du défilé annuel du 14 juillet, action diplomatique permettant d’honorer ces soldats venus du bout du monde pour épauler les Français et participer à la bataille de la Somme en 1916. Entre 1914 et 1918, ce sont plus de 416 000 Australiens qui seront engagés (dont 313 000 sur le front occidental), ainsi que 128 000 Néo-Zélandais, dont plus de 90 000 ont combattu en France et en Belgique.

Comme l'ensemble de l'Empire britannique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande prennent part aux hostilités dès le début, aux côtés du Royaume-Uni. En accord avec leurs gouvernements respectifs, les Britanniques créent l' "Australian and New-Zealand Army Corps", troupes communément désignées sous le nom d’ "Anzac Corps".

C’est après s’être particulièrement illustré sur les plages des Dardanelles en 1915 que l'Anzac Corps est transféré sur le front français début 1916. En mars, ses troupes forment deux corps d'armée, sous les ordres du général Birdwood pour le premier, et du général Godley pour le second. Dès juillet 1916, les Australiens sont jetés dans la bataille de Fromelles, au cours de laquelle ils vont subir d'importantes pertes. Puis les divisions australiennes s’attaquent au moulin de Pozières.
Après quarante-cinq jours de combats acharnés et au prix de 23 000 morts parmi les Australiens, la position est conquise : Pozières constitue la seule victoire alliée dans le désastre de la bataille de la Somme.

Dans cette région, de nombreux lieux de mémoire sont érigés pour rappeler le sacrifice des Australiens. Depuis le moulin, le long de la route menant vers l’est en direction de Bapaume, on peut voir une grande balise rouge : c’est là que se trouvait le front en date du 1er septembre 1916. Sur la route par Pozières se dresse le Mémorial de la Première Division.

Les liens entre les populations et les armées françaises et australiennes semblent toujours avoir toujours été bienveillants et généreux, comme en témoigne cette lettre publiée dans Le Télégramme du 28 septembre 1916. Le journal donne lecture d’un courrier envoyé par une jeune écolière originaire de Sydney à un poilu en repos à Calais. Daté du 15 juillet 1916 et rédigé en français, il fait suite aux remerciements adressés par ce même soldat à la jeune australienne pour le colis qu’elle lui avait adressé au front. Geste qui nous rappelle que la pratique et l’action des marraines de guerre engagées auprès des combattants a largement dépassé les frontières de la France.

On y apprend qu’en cette année 1916, l’Australie avait fait célébrer dans ses écoles notre 14 juillet national sous le nom de "Jour de France". Les Australiens désiraient glorifier le courage des soldats et valoriser la culture francophone en proposant aux élèves de d’apprécier le répertoire de Molière, de La Fontaine ou de Maeterlinck, mais aussi, chose assez surprenante, une œuvre plutôt méconnue de la littérature médiévale intitulée La farce du cuvier : l’action de cette farce, jugée d’origine picarde d’après certains aspects du texte, se passe au milieu du XVe siècle : c’est une variation sur le thème de la "femme qui porte la culotte" au grand regret de son mari. Elle fut jouée à Paris lors de l’Exposition universelle de 1900.

Les Australiens et la France  

On lira certainement avec plaisir mêlé d’une douce émotion la lettre suivante écrite par une petite fille de Sydney, Australie, en réponse à la lettre qu’un poilu M. Charles L…, sergent au …ième régiment d’infanterie, actuellement en repos à Calais, lui avait adressée pour la remercier d’un colis reçu d’elle étant au front.

Cette lettre est écrite en français. Nous la reproduisons textuellement :

Girls High School
Élisabeth Street
Sydney (Australia)

Le 15 juillet 1916.

"Cher Monsieur, mon poilu français.

N’oubliez pas que vous êtes mon soldat. Je suis enchantée de recevoir votre lettre, mais je n’ai pas reçu celui de votre charmante fille. Je sais qu’elle est charmante parce qu’elle a un père si brave, si patriotique, si poli.

Hier, c’était le jour de France, dans tous nos écoles. Nous avons eu congé. Dix heures environs : une institutrice nous a parlé de la France, de son courage, de ses inventions et ainsi de suite.

Alors elle a donné à vingt élèves des bagues d’aluminium de les bombes des Boches. Ils étaient magnifiques. Ces filles doivent être fiers.

Il y a quelques semaines que nous avons eu un récit français. L’argent était pour le bague franco-australienne. Nous avons fait un peu plus de £ 50 (1.250 francs). Les écolières ont présentées quelques scènes de théâtre.

La première était de Molière. Une pièce de « Les Femmes Savantes ». La seconde « La Farce du Cuvier ». C’était très amusante. La troisième une scène de « L’Oiseau Bleu », par les écolières de seconde année. Les écolières d’un autre école nous ont aidé. Elles ont chanté deux chansons et elles ont récité la fable « Le Coq et le Renard ». Les habits étaient prêtés au Pensionnat. Plusieurs d’entre nous ont vendu les sucreries. J’étais une de ces filles. J’ai été gagné £ 2. 10 (62 fr. 50) pour mes sucreries. Nous étions habillées en blanc avec la tricolore sur l’épaule gauche.

Adieu, mon poilu (il faut que j’aille me coucher) avec beaucoup d’amitié de

Votre amie australienne, 
Doris Middleton.

Monsieur, excusez mon français s’il vous plait, je sais qu’il y a beaucoup qui n’est pas juste."

N’est-ce pas qu’elle est charmante cette petite missive écrite par une écolière de la grande colonie anglaise. Les petites fautes dont elle est émaillée ne peuvent que contribuer à la rendre plus savoureuse et plus gentille.

Le Télégramme, jeudi 28 septembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/26.