Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

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"Manon" aux théâtres de Calais et Boulogne

Dessin couleur montrant deux rangées de femmes saluant l'entrée d'un homme.

Manon, opéra-comique de Jules Massenet : documents iconographiques, 1884. Bibliothèque nationale de France, département Arts du spectacle, 4-ICO THE-3062

Œuvre majeure Jules Massenet, Manon est montée pour la première fois en 1884 à l’Opéra-Comique. L’intrigue de cet opéra en cinq actes est tirée du célèbre roman de l’abbé Prévost, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, plus communément appelé Manon Lescaut.

Massenet a beaucoup contribué à populariser et moderniser le genre de l’opéra-comique, qui alterne parties chantées et dialogues parlés. De ce fait, les artistes de l’Opéra-Comique sont particulièrement familiers du répertoire de ce compositeur.

En 1903, le ténor Léon Beyle chante déjà le Rêve de Des Grieux, enregistré chez Pathé. Né en 1871, Augustin-Léon Beyle obtient en 1896 les premiers prix de chant, d’opéra et d’opéra-comique du Conservatoire de Paris. En 1898, il intègre la troupe de l’Opéra-Comique. Grand connaisseur de l’œuvre de Massenet, il interprète en 1911 certains airs du compositeur lors d’une conférence donnée par M. Ricou, secrétaire général de l’Opéra-Comique, sur la "Musique de Massenet". 

En 1916, quatre ans après le décès de Massenet, Léon Beyle et la troupe de l’Opéra-Comique remontent son Manon aux théâtres de Calais et Boulogne.

L’héroïne éponyme est interprétée par Raymonde Vécart, jeune soprano native du Nord. Après être passée par le conservatoire de Lille, elle intègre le conservatoire de Paris où elle obtient en 1912 le premier prix de chant, avant d’entrer à l’Opéra-Comiqueoù elle restera jusqu’en 1917. 

"Manon" aux théâtres de Calais et Boulogne 

Les représentations de gala organisées mardi soir au grand Théâtre de Calais et mercredi soir au Théâtre Municipal de Boulogne au profit des œuvres de guerre, avec le concours d’artistes de l’Opéra, de l’Opéra-Comique, ont remporté un très grand succès qui a largement récompensé les organisateurs de leurs efforts.

La personne de MANON était incarnée par une admirable artiste, Mlle Raymonde Vécart, de l’Opéra-Comique qui sut communiquer à l’héroïne du joli roman de l’abbé Pruvost, toute la vie et la délicieuse sentimentalité qui lui conviennent. Son jeu et sa science musicale vont de paire avec la pureté de son organe admirablement conduit.

On peut en dire autant de l’interprète du chevalier des Grieux, M. Léon Beyle, qui fut en tous points, le digne partenaire de Manon.

Malheureusement, l’excellent Beyle a pris froid à son retour de Calais et mercredi soir, à la représentation de Boulogne, il n’a pu faire valoir, devant le nombreux public qui se pressait à la salle Monsigny tous les moyens dont il disposait. Quelques mots au public ont annoncé ce fâcheux contre-temps dû à la rigueur exceptionnelle de la température dans notre contrée.

Les autres rôles étaient parfaitement tenus également. Le Comte des Grieux trouva un digne interprète, comme jeu et comme voix, en M. Durand.

Le personnage du serpent Lescaut était incarné à merveille par M. Cadio tandis que Guillot de Morfontaine, le seul personnage qui donne une petite note comique passagère à la touchante idylle de Manon, se vit très bien interpréter par M. Lary de la Monnaie de Bruxelles.

Le rôle un peu effacé de Brétigny trouva quand même une bonne incarnation en M. Radoux.

Citons encore l’excellent trio formé par Mmes Delvallot, Blanche, Nicolle et Treslin dans les rôles de Poussette, Javotte et Rosette, un peu sacrifiées d’ordinaire dans les distributions de nos troupes d’hiver, ce qui est assez explicable.          

Les chœurs, pour la même raison, étaient excellents, ayant été recrutés de la même façon que les artistes.

De son côté, l’orchestre, composé de musiciens boulonnais et calaisiens, attachés pour la plupart aux théâtres des deux villes, a su mettre en valeur toutes les beautés de la partition. Un mot spécial pour M. Jean Dupuis, l’excellent chef d’orchestre, un artiste dans toute l’acception du mot, qui se dépensa sans compter pour assurer à ces deux soirées magnifiques l’éclat que nous leur avons vu.

Un dernier mot pour les organisateurs, MM. Hembert, adjoint aux Beaux-Arts, de Calais et Manuel Costa à Boulogne.

Tous deux ont droit à nos vives félicitations pour avoir réussi à amener dans les villes de Calais et de Boulogne une troupe d’artistes dignes d’éloges car le public ne peut se rendre compte, des difficultés presque insurmontables, qui s’ouvrent aux organisateurs chaque fois qu’il s’agit d’organiser un gala artistique de cette importance.

La mise en scène, faite par M. Manuel Costa a été parfaite, grâce à l’obligeance de M. Darré, secrétaire général du Casino qui avait bien voulu mettre à sa disposition les nombreux accessoires et décors que nécessite Manon.

Cette représentation est en quelque sorte une démonstration vivante de ce que peuvent faire, en saison théâtrale, deux villes, possédant chacune leur théâtre, mais s’organisant pour avoir des troupes roulantes si nous pouvons nous exprimer ainsi.

Ce premier essai a parfaitement réussi, il faut en convenir et vient à l’appui du projet élaboré il y a quelques années, par notre confrère, M. Émile Lemaître, du "Boulonnais".

Le Télégramme, vendredi 24 novembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/26.