Archives - Pas-de-Calais le Département
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Peintre aux armées

En sollicitant du ministre de la Guerre l’autorisation de mettre en place dès novembre 1914 un service de peintres aux armées, le général Gustave Léon Niox, directeur du musée de l’Armée, est à l’origine de la collecte de ces témoignages de guerre. Dès le début du conflit, il souhaite établir les portraits des combattants et de leurs chefs, ainsi que certains épisodes de combats à travers les dessins ou peintures d’artistes français.
Faisant appel au volontariat, ces missions n’ont aucun caractère officiel bien que des autorisations de circulation des artistes dans la zone des armées doivent obligatoirement être demandées au général en chef.
 Les peintres militaires, membres de la Société du même nom et peintres du ministère de la Guerre, sont naturellement les principaux concernés, mais tous ne sont pas retenus, notamment en raison de l'âge de certains d'entre eux, jugés inadapté à la pénibilité d'un tel voyage ou d'un séjour trop proche du front.

À la demande du général Niox, le peintre audomarois Jules Joëts vient d’être autorisé à circuler sur le front comme peintre aux armées. Grand prix du Salon des Artistes Français en juin 1914, il est reçu à ce titre par le président Poincaré à l’Élysée.

Ces artistes propulsés au plus près des combats ne touchent ni salaire, ni indemnité. Transportés aux frais de l’administration militaire, ils doivent cependant assurer leur propre subsistance ; certains états-majors leur offrent nourriture et logement, bien qu’ils n’y soient pas tenus.

Le matériel mis à leur disposition pour cette mission consiste en quelques carnets à dessin, plaquettes de bois ou de carton, boîte de couleurs, un chevalet et pliant, parfois un carton à dessin mais plus rarement des toiles. Le travail sur le terrain se constitue de dessins réalisés au crayon ou au fusain, d’aquarelles ou de gouaches de petits formats, études généralement reprises à l’abri lorsque le peintre regagne l’arrière.

Si cette mission n’a pas pour but d’exposer ces artistes au feu de l’ennemi, plusieurs en font l’expérience au cours de leurs déplacements dans les tranchées. Après la guerre, certains sollicitent la Croix de la Légion d’honneur ou la Croix du combattant en remerciements des services rendus et de leur expérience du front, alors que d’autres demandent un emploi, une indemnité ou une commande au musée de l’Armée.

Peintre aux armées

Nous apprenons avec plaisir que notre jeune concitoyen, M. Jules Joëts, grand prix du Salon, vient d’être autorisé à circuler sur le front comme peintre aux armées, en vue d’y recueillir des notes, des documents, des croquis pour la documentation historique du musée de l’armée, c’est sur la demande du général Niox, directeur de ce musée que l’artiste audomarois a obtenu cette autorisation. M. Jules Joëts a pu tout récemment à ….., sous un bombardement intense, sous le feu croisé des batteries anglaises et allemandes, exécuté un grand dessin de ce qui fut la place d’….., sa superbe Halle, ses maisons si pittoresques.

Toutes nos félicitations au jeune artiste qui doit se rendre prochainement à Arras.

La Croix du Pas-de-Calais, jeudi 13 avril 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/18.