Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

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Départ du général Eydoux

Photographie sepia montrant un homme de profil, en uniforme militaire, les mains dans le dos.

Fränzosischer General Eydoux, [Le général français Eydoux], 1916. Staatsbibliothek zu Berlin - Preußischer Kulturbesitz.

Né le 15 février 1852 dans une grande famille de notaires et de consuls de Carpentras, Joseph Louis Paul Eydoux s’engage dans l’infanterie le 1er novembre 1870.

Promu sous-lieutenant à titre provisoire le 2 décembre 1870, il entre à Saint-Cyr en septembre 1871. Au grade de capitaine, il est stagiaire de l'état-major de la 11ième division à Nancy avant d’être affecté au 1er bureau de l'état-major de l'armée. Élève à l'École supérieure de guerre de 1881 à 1883 (d’où il sort 35ième sur 55), il est affecté en 1891, comme chef de bataillon, à l’état-major du 4ième corps. Devenu lieutenant-colonel, il est chef de la section technique de l'infanterie au ministère de la Guerre, avant de commander le 157ième régiment d'Infanterie.

Général de brigade en 1908 puis de division en 1911, il est appelé au commandement de la mission militaire française en Grèce, de 1911 à 1914.

À cette époque, la Grèce n’est pas rétablie de sa défaite contre la Turquie en 1897 et se trouve encore marquée par le coup d’État militaire de 1909. C’est pourquoi, Eleftherios Venizelos, premier ministre nommé par le roi Georges, francophile et très attaché au renforcement de l'armée face aux rapports de force tendus dans les Balkans, fait appel à une mission militaire française dont le commandement est confié au général Eydoux, à la place du général Foch initialement envisagé. Pourvu de larges attributions, Eydoux restructure profondément l’armée grecque dont il renouvelle les équipements et l’organisation tactique, tout en en modernisant les services de santé et l’intendance.

Dès 1912, il œuvre par ailleurs à la création d’une Ligue franco-hellénique afin de renforcer l’influence culturelle française. L’assassinat du roi Georges en 1913 et l’accession au trône de son fils Constantin réduisent les attributions de la mission, mais les succès militaires remportés par l’armée grecque ont toutefois renforcé le prestige de la France en Grèce.

En avril 1914, le général Eydoux est appelé au commandement du 11ième corps d'armée de Nantes, composé de régiments bretons et vendéens, et intégré lors de la déclaration de la guerre à la IIIe, puis à la IVe armée. Il reçoit l’ordre d’attaquer le 22 août le village de Maissin, remportant une victoire tactique en fin d'après-midi.

Le 11ième corps parvient à retarder la progression allemande lors des batailles de défense de la Meuse, au bois de Marfée. Uni à la IXe armée, constituée sous les ordres du général Foch, il en forme l’aile droite. Il arrête sa retraite vers le 5 septembre, stationnant entre Chalons-en Champagne et Fère, sur un front de 15 kilomètres. Attaqué les 6 et 7 septembre par les Allemands, il est mis en déroute malgré un renfort tardif de deux divisions d’infanterie. Il recule d’une dizaine de kilomètres en quelques heures, évacuant Fère-Champenoise malgré les ordres du général Foch. En situation de forte infériorité numérique, plusieurs fois menacé de dislocation, il s’arrête au nord de Gourgançon, au soir du 9. Malgré une situation très défavorable, les ordres du général Foch de s’accrocher au terrain sont exécutés.

Le 11ième corps participe ensuite à la course à la mer, engagé dans les combats à l’est d’Amiens.

Le 10 février 1915, le général Eydoux est remplacé par le général Baumgarten à la tête du 11ième corps, son style de commandement ayant été jugé insuffisamment offensif et responsable de lourdes pertes. Il est alors nommé commandant supérieur de la défense des places du groupe de Dunkerque et gouverneur militaire de la ville ; puis, le 20 mars 1916, il est appelé au commandement de la région du Nord. Il quitte ce dernier pour être placé dans la 2ième section de réserve le 21 mai 1917.

Il meurt accidentellement le 4 novembre 1918 d’une fracture du crâne, après une chute dans un escalier de sa propriété à Loriol-du-Comtat.

Boulogne - Départ de M. le général Eydoux

M. le général Eydoux, qui commandait depuis environ deux ans la région du Nord et avait à ce titre sous ses ordres le service de la censure militaire, vient de rentrer dans le cadre de réserve et de quitter en conséquence notre ville.

Nous avons entretenu, avec le général, de trop courtoises relations pour ne pas lui exprimer, au moment où il abandonne son commandement, le très vif regret que nous cause son départ.

Si, en effet, M. le général Eydoux apportait dans l’exercice de ses délicates fonctions les exigences qu’elles comportent, il savait, du moins, en tempérer les rigueurs par une affabilité qui rendait les relations avec lui aussi faciles qu’agréables. Nous avons pu nous en rendre compte à plus d’une reprise dans des circonstances où il fut le premier à reconnaître que notre bonne foi ne pouvait être mise en doute.

Chez M. le général Eydoux, d’ailleurs, le chef de corps, l’administrateur étaient doublés d’un homme du monde et d’un érudit dans l’acception la plus complète du mot. On se souvient notamment avec quelle délicatesse, quel tact parfait, il dit son mot sur les Balkans, lors d’une des dernières conférences de la Société de géographie consacrée à la Serbie.

Nous croyons être agréable à tous ceux de nos concitoyens qui furent en relations avec M. le général Eydoux, pendant son séjour à Boulogne, en rappelant, au moment où il nous quitte, les principales étapes de sa brillante carrière.

Originaire du comtat Venaissin (Vaucluse), où il naquit en 1852, le futur général s’engagea dans un régiment d’infanterie au mois de septembre 1870.

Peu après il fut nommé sous-lieutenant en qualité d’admissible à Saint-Cyr, et, avec ce grade, prit part aux opérations de l’armée de la Loire, après quoi il combattit sous Paris en 1871.
Sorti de Saint-Cyr en 1872, il entra à l’École de guerre dont il suivit les cours avec succès.

Il appartint ensuite à l’état-major de la division de fer à Nancy. Il y fut apprécié à son juste mérite ; sa place était dès lors indiquée à l’état-major de l’armée, où il servit pendant plusieurs années.

Chef d’état-major du 13ième corps d’armée, il prit bientôt le commandement d’un régiment d’infanterie sur le front des Alpes, puis celui d’une brigade à Auch. Il occupait ce poste lorsque le choix du ministre de la Guerre se porta sur lui pour prendre la direction d’une mission française en Grèce.

C’est à ce détail de sa carrière que nous faisions plus haut allusion en parlant de l’autorité avec laquelle il s’exprima lors de la récente conférence de la Société de géographie sur les événements qui se déroulent en Orient.

Bien que Constantin semble aujourd’hui avoir complètement oublié ce que l’armée grecque dut à cette mission, elle mit en valeur les hautes qualités militaires de son chef ainsi que celles du personnel sous ses ordres et surtout permit d’affirmer la supériorité de nos méthodes.

À son retour en France, sa mission terminée, le général Eydoux fut appelé au commandement du 11ième corps d’armée à Nantes avec lequel, tour à tour, appartenant aux armées des généraux de Langle de Cary, Foch et de Castelnau, il combattit en Belgique, sur la Marne puis dans la Somme. Sur tous ces champs de bataille se signalèrent à la suite de leur chef les Bretons du 11ième corps.

Nommé en février 1915, gouverneur de la place forte de Dunkerque, le général Eydoux eut à y subir les violents bombardements que l’on sait. Son calme et son énergie eurent sur le moral de la population le plus salutaire effet ; non seulement ils réussirent à éviter toute panique, mais encore élevèrent le niveau de la mentalité civile à un véritable stoïcisme.

En contact permanent avec nos fidèles alliés, le général Eydoux provoqua au plus juste titre leur reconnaissance aussi, se faisant leur interprète, le roi des Belges lui conféra-t-il la grande croix de l’ordre de Léopold ainsi que la croix de guerre.

En décembre dernier, également, le roi Georges V lui faisait remettre par le prince de Connaught le grand cordon de l’ordre de Saint Michel et de Saint George.

On voit par ces notes rapides si notre région du Nord avait lieu d’être fière du chef distingué auquel c’est pour nous un sensible regret d’avoir à présenter nos adieux.

L’ancien commandant de la région du Nord est remplacé à Boulogne par le général Dumas qui nous arrive du front.

Nous lui souhaitons cordialement la bienvenue parmi nous.

La France du Nord, jeudi 24 mai 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 1696.