Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture exceptionnelle de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras) jusqu'à nouvel ordre en raison d'une panne majeure du système de chau...

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

La chaussure nationale

Photographie noir et blanc montrant quelques femmes devant une devanture sur laquelle on lit :"Annexe de la botte blanche".

Devanture du magasin A la Botte Blanche, 66, rue Désiré-Delansorne, à Arras. Carte postale photographique [1920-1940]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 Fi 994.

Pour assurer un équilibre social assez relatif, le gouvernement tente de relancer une production de biens de consommation populaires à des prix raisonnables.

C’est ainsi que, pour répondre au triplement du prix d’une paire de chaussures pour homme entre 1914 et 1917, le ministre du Commerce, Étienne Clémentel, recommande à la population, dès la fin de l’année 1916, de limiter les achats de chaussures, puis propose d’utiliser le surplus des stocks de cuir du programme de chaussures militaires pour fabriquer des chaussures à bon marché, bientôt surnommées "les clémentelles".

L’arrêté du 12 août 1917 donne ainsi naissance à la "chaussure nationale". L’État ne fabrique pas lui-même, mais cède aux industriels désignés par le ministère du Commerce les cuirs non utilisés par l’armée, livrés par les centres de tannage selon leurs disponibilités. Les entreprises bénéficiaires doivent s’engager à produire des chaussures conformes aux modèles-types arrêtés par le ministère, puis à les livrer aux commerçants, aux prix fixés.

Leur réalisation étant répartie sur la base des circonscriptions des centres de chaussures militaires, elles sont centralisées par les commissions de réception de ces derniers et sont frappées en cambrure de la marque "chaussure nationale", avec l’indication du centre et le prix maximum de vente au public.

Si la production passe de 30 000 paires à plus de 500 000 entre octobre 1917 et janvier 1918, l’offre reste toutefois inférieure à la demande et ces chaussures seront toujours difficiles à trouver.

La chaussure nationale        

Plusieurs commerçants de notre ville ont reçu la "chaussure nationale", des modèles pour hommes et garçonnets ; ceux pour dames ne pourront être mis à la disposition du public que d’ici une dizaine de jours.
Ces chaussures sont très belles et de confection soignée ; nous avons pu en voir quelques spécimens chez MM. Dhalleine, Chapuy, Rency et Devoisin. 

Le public s’attendait, toutefois, à un autre genre, qui aurait mieux répondu aux besoins de la clientèle des travailleurs, car le modèle actuel est plutôt une chaussure de luxe que de fatigue. Il eut été désirable que le cuir employé fût plus épais, et qu’au lieu de box-calf on eût choisi un bon croupon.  

Il est toutefois facile de donner satisfaction aux besoins de chacun en créant un nouveau modèle plus fort et plus résistant. Nous espérons que, devant le succès obtenu par la nouvelle chaussure, l’intendance mettra à la disposition des fabricants les cuirs indispensables pour confectionner une chaussure dite "de fatigue".

De même pour la chaussure de dame, dont il y a trois modèles, derby, richelieu et botte à tige de 18 centimètres ; on leur reproche d’être uniformément à talons haut. Il eût été bon, il nous semble, d’en créer au moins un type à talon plat, ce qui aurait constitué une économie sensible de cuir.

Les prix de la "chaussure nationale" que d’ici peu tous les commerçants auront en magasin, sont les suivants : hommes, 28 francs ; dames, bottines 23 francs ; souliers (richelieu ou derby) 19 francs 50 ; garçonnets 22 francs 25 ; 18 francs 50 ; fillettes 18 francs 50 ; enfants 15 francs 75.        

Contrairement à ce que beaucoup de personnes se figuraient, la "chaussure nationale" n’est pas confectionnée dans des ateliers spéciaux, mais chez tous les fabricants. Chaque commerçant désigne à l’intendance la maison où il entend se fournir, c’est-à-dire celle dont il est le client habituel. Celle-ci reçoit des mains de l’intendance les cuirs nécessaires.

Il suffira donc que cette dernière mette à la disposition des fabricants, des cuirs de différentes sortes, afin qu’ils puissent livrer des modèles de résistances différentes. On retirera ainsi de la "chaussure nationale" tous les avantages qu’on est en droit d’en attendre.

La France du Nord, mercredi 24 octobre 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/96.