Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

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Projet de division de la France en régions économiques

Portrait noir et blanc d'un homme moustachu.

Étienne Clémentel, député du Puy-de-Dôme [portrait] : [photographie de presse] / [Agence Rol], 1914. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EST EI-13 (337).

Devenue une épreuve de force autant économique que militaire, la guerre a ancré la conviction que la victoire dépendrait aussi de la capacité à mobiliser le monde industriel. Amputée d’une partie de ses ressources minières et de ses usines métallurgiques, la France se trouve en mauvaise posture : Étienne Clémentel, ministre du Commerce et de l’Industrie de 1915 à 1919, réunit de nombreux experts pour dresser le bilan de l’industrie française et faire une série de propositions permettant la réorganisation économique du pays. Favorisé par l’effacement du contrôle parlementaire sur le gouvernement, il dispose d’emblée d’une force d’intervention réelle, d’autant que la maîtrise de plusieurs portefeuilles ministériels lui donne une position encore plus confortable : en plus du Commerce, de l’Industrie et des Postes et Télégraphes, il se voit confier (en fonction des remaniements successifs), ceux de l’Agriculture, de la Marine marchande, de l’Aviation, de l’Éducation technique ou du Travail.

Clémentel a pour principal objectif d’établir une liaison entre l’administration centrale du ministère et le monde de la production et du commerce. Pour ce faire, sur la suggestion de son collaborateur, l’historien et économiste Henri Hauser, il propose de regrouper les cent quarante-neuf chambres de commerce au sein de seize régions économiques, pour qu’émerge un intérêt général dégagé des contingences purement locales. Consultées à l’automne 1917, la très grande majorité d’entre elles s’y rallient. Il en est ainsi pour celle de Saint-Omer, lors de sa séance du 17 septembre 1917. Certaines chambres font toutefois entendre quelques observations : pour le Nord de la France par exemple, région très affectée par le conflit, est-il légitime d’assimiler les intérêts industriels du centre lillois à ceux du littoral ou des campagnes ? 

Il faut toutefois attendre le printemps 1919 pour que les groupements économiques régionaux soient constitués et qu’ils reçoivent leur organisation définitive. En raison de l’absence de personnalité juridique et de l’attribution de la seule capacité d’émettre des vœux sans pouvoirs réels, la réforme ne sera que partiellement appliquée. 

Projet de division de la France en régions économiques 

Saint-Omer. Chambre de commerce,
Séance du 17 septembre 1917

Par délibération en date du 17 septembre, sur l’invitation de M. le Ministre du Commerce et de l’Industrie, la Chambre a donné son adhésion de principe à l’organisation de la France en régions économiques.

Les éléments de la question sont clairement exposés dans une notice du Ministère, faisant état des travaux de MM. Vidal de la Blache et J. Hennessy. Sous nos yeux, jour par jour, les régions se sont constituées ; elles naissent par leurs centres, grandes agglomérations urbaines, nœuds de communications ferrées, fluviales ou maritimes, d’où rayonne l’activité bancaire, industrielle et commerciale, comme les voies, les canaux, les fils télégraphiques rayonnent de la grande ville en multiples directions. Autour de ces centres, se crée une zone d’attraction grâce à la communauté d’intérêts résultant des conditions orographiques ou minéralogiques, ou simplement de la spécialisation de certaines productions manufacturières et agricoles.

La création des régions économiques conférerait à ces organismes amorphes la puissance de l’"Organisation", facteur irrésistible, indispensable, de tout progrès économique et social.     

Les circonscriptions des chambres de commerce semblent le cadre tout indiqué de ces régions. Leur nombre, toutefois, est une menace de dispersion d’efforts et, par suite, d’impuissance. C’est en groupant ces chambres que l’on parviendra à coordonner leur action, à dégager leurs intérêts communs.

Le groupement des chambres de commerce, sous l’égide des art. 18 et 24 de la loi du 9 avril 1898, a, d’ailleurs, déjà donné sa mesure, sous la forme des offices de transport et de l’assemblée des présidents de chambre de commerce, qui, en maintes circonstances, ont exercé sur notre vie économique une action bienfaisante.

Il suffirait donc de former, entre chambres voisines, des bureaux permanents où elles seraient représentées, et qui seraient un élément essentiel du comité régional d’action économique.

Le nombre de régions envisagé dans la notice précitée est de seize, savoir : Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Limoges, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Grenoble, Lyon, Dijon, Nancy, Paris, Orléans et Clermont. Notre chambre de commerce serait comprise dans la région dont Lille est le centre.

Nous ignorons malheureusement dans quel état la guerre nous rendra la région qui gravite autour de Lille-Roubaix-Tourcoing. Il semble cependant que la puissance des intérêts rassemblés dans ce district restera très forte, et que son influence industrielle, commerciale, bancaire, intellectuelle, continuera de rayonner. L’homogénéité de cette région est en effet constituée par une circonstance géologique d’une rare continuité : le bassin houiller, et par le caractère essentiellement régional du port de Dunkerque. Avec les chambres de commerce de Lille, Roubaix et Tourcoing, seraient groupées celles de Dunkerque, Armentières, Douai, Cambrai, Valenciennes, Avesnes dans le Nord, en même temps que celles de Calais, Boulogne, Saint-Omer, Béthune, Arras dans le Pas-de-Calais. Même Amiens, Abbeville et Péronne dans la Somme, sont encore dans l’orbite du centre lillois. Saint-Quentin aussi est dominée par sa grande voisine, et toutes ses relations sont vers le Nord.

La chambre de commerce de Saint-Omer, après audition de ce rapport, l’approuve à l’unanimité, se rallie au principe et à la forme du projet soumis à son examen, et décide que copie de la présente délibération sera envoyée aux représentants du département ainsi qu’à M. le Ministre du Commerce et de l’Industrie.

Le Télégramme, lundi 8 octobre 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/28.