Projet de division de la France en régions économiques
Saint-Omer. Chambre de commerce,
Séance du 17 septembre 1917
Par délibération en date du 17 septembre, sur l’invitation de M. le Ministre du Commerce et de l’Industrie, la Chambre a donné son adhésion de principe à l’organisation de la France en régions économiques.
Les éléments de la question sont clairement exposés dans une notice du Ministère, faisant état des travaux de MM. Vidal de la Blache et J. Hennessy. Sous nos yeux, jour par jour, les régions se sont constituées ; elles naissent par leurs centres, grandes agglomérations urbaines, nœuds de communications ferrées, fluviales ou maritimes, d’où rayonne l’activité bancaire, industrielle et commerciale, comme les voies, les canaux, les fils télégraphiques rayonnent de la grande ville en multiples directions. Autour de ces centres, se crée une zone d’attraction grâce à la communauté d’intérêts résultant des conditions orographiques ou minéralogiques, ou simplement de la spécialisation de certaines productions manufacturières et agricoles.
La création des régions économiques conférerait à ces organismes amorphes la puissance de l’"Organisation", facteur irrésistible, indispensable, de tout progrès économique et social.
Les circonscriptions des chambres de commerce semblent le cadre tout indiqué de ces régions. Leur nombre, toutefois, est une menace de dispersion d’efforts et, par suite, d’impuissance. C’est en groupant ces chambres que l’on parviendra à coordonner leur action, à dégager leurs intérêts communs.
Le groupement des chambres de commerce, sous l’égide des art. 18 et 24 de la loi du 9 avril 1898, a, d’ailleurs, déjà donné sa mesure, sous la forme des offices de transport et de l’assemblée des présidents de chambre de commerce, qui, en maintes circonstances, ont exercé sur notre vie économique une action bienfaisante.
Il suffirait donc de former, entre chambres voisines, des bureaux permanents où elles seraient représentées, et qui seraient un élément essentiel du comité régional d’action économique.
Le nombre de régions envisagé dans la notice précitée est de seize, savoir : Lille, Rouen, Rennes, Nantes, Limoges, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Grenoble, Lyon, Dijon, Nancy, Paris, Orléans et Clermont. Notre chambre de commerce serait comprise dans la région dont Lille est le centre.
Nous ignorons malheureusement dans quel état la guerre nous rendra la région qui gravite autour de Lille-Roubaix-Tourcoing. Il semble cependant que la puissance des intérêts rassemblés dans ce district restera très forte, et que son influence industrielle, commerciale, bancaire, intellectuelle, continuera de rayonner. L’homogénéité de cette région est en effet constituée par une circonstance géologique d’une rare continuité : le bassin houiller, et par le caractère essentiellement régional du port de Dunkerque. Avec les chambres de commerce de Lille, Roubaix et Tourcoing, seraient groupées celles de Dunkerque, Armentières, Douai, Cambrai, Valenciennes, Avesnes dans le Nord, en même temps que celles de Calais, Boulogne, Saint-Omer, Béthune, Arras dans le Pas-de-Calais. Même Amiens, Abbeville et Péronne dans la Somme, sont encore dans l’orbite du centre lillois. Saint-Quentin aussi est dominée par sa grande voisine, et toutes ses relations sont vers le Nord.
La chambre de commerce de Saint-Omer, après audition de ce rapport, l’approuve à l’unanimité, se rallie au principe et à la forme du projet soumis à son examen, et décide que copie de la présente délibération sera envoyée aux représentants du département ainsi qu’à M. le Ministre du Commerce et de l’Industrie.