Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

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Création du chèque postal et des comptes courants

Carte postale noir et blanc montrant un baraquement au coin d'une rue.

La Guerre 1914-18. Arras (P.-de-C.) - Le Bureau provisoire des Postes et Télégraphes. Archives départementales du Pas-de-Calais, 39 Fi 240.

Alors que la France a été le premier pays à autoriser aux services de la Poste une certaine activité financière par la création du mandat-poste en 1817, elle est aussi l’une des dernières nations d’Europe occidentale à mettre en place les chèques postaux. Ceux-ci sont apparus en Autriche en 1884, puis ont gagné la Hongrie en 1889 ou l’Allemagne en 1900. L’année suivante, le ministre du Commerce Alexandre Millerand constitue une commission chargée d’évaluer l’intérêt d’un tel dispositif pour le pays ; l’objectif est d’habituer les Français aux avantages que présente l'usage des chèques et de diminuer la manipulation des espèces au profit des virements de comptes. 

Le projet bloque toutefois sur plusieurs fronts dès 1902. Le ministère des Finances, par la voix de Maurice Rouvier, le rejette totalement : s’il lui paraît intéressant de généraliser l'emploi des comptes courants et des chèques, il considère que ce doit être l’œuvre de l'initiative privée, l'État n’ayant pas à intervenir par des mesures dont l'utilité ne compenserait, ni les gênes, ni les charges pour le Trésor. À l'intérieur même de l'administration des Postes, un nombre important de ses cadres y est opposé. Les derniers détracteurs viennent enfin du milieu de la banque et du commerce : le projet y est stigmatisé, comme l’empiétement de l’État sur les missions des établissements de crédit, et l’immobilisation d’une partie des ressources disponibles de la France dans des portefeuilles de titres, aux dépens du commerce et de l'industrie. Il est en conséquence rejeté également par les parlementaires, craignant la naissance d’une banque d’État qui interférerait avec les banques privées aux lobbies très puissants.

Guillaume Chastenet de Castaing, député de la Gironde spécialisé dans les questions de circulation monétaire, rappelle toutefois en 1905, lors du dépôt de la première proposition de loi relative à la création d’un service de comptes courants postaux, les résultats insuffisants obtenus par la loi du 14 juin 1865 sur l’usage des chèques bancaires. L’accroissement tant souhaité du volume de transactions scripturales ne pourrait ainsi être obtenu en France que par l’intermédiaire d’un service public. Le 14 décembre 1912, le comité consultatif des Postes et Télégraphes accepte enfin la création d’un service de chèques postaux, prévu par un projet de loi déposé par le gouvernement trois ans plus tôt, avec pour conditions que les fonds soient versés au ministère des Finances sans intérêts pour les déposants, et que des taxes fixes soient instituées à la charge des débiteurs, afin de protéger les banques privées. En 1916, le ministre Clémentel saisit la commission des Postes et Télégraphes, dont le vice-président, le député de Seine-et-Oise Louis Amiard, présente à la Chambre le projet après validation par celle-ci. Voté sans débat à la Chambre le 12 octobre 1916 et plus difficilement au Sénat le 11 décembre 1917, le projet de loi est définitivement entériné le 7 janvier 1918 et complété par un décret du même jour portant création d’un service de chèques et comptes-courants postaux.

La loi a été adoptée parce qu'elle est devenue une nécessité en période de conflit : la circulation fiduciaire, le financement de la guerre et les carences du secteur privé dans le domaine bancaire ont été les facteurs propices à la création des chèques postaux. Ceux-ci ne vont pas seulement diminuer la circulation du numéraire en développant l’usage des règlements par compensation, ils donnent surtout des facilités nouvelles aux Français et permettent de lutter contre la thésaurisation par la mise en place de moyens de paiement rapides et sûrs sur l’ensemble du territoire. Géré par le service public, le chèque postal incite de nouvelles populations urbaines et rurales à s’approprier la monnaie scripturale. Son usage croît cependant surtout dans les villes, où les succursales bancaires sont le mieux implantées et où un service équivalent est déjà proposé : la proximité du bureau de poste en milieu rural ne constituera pas, dans un premier temps, un élément décisif pour que la population rurale utilise les chèques postaux.

Le commerce et le chèque postal

Nous avons annoncé la promulgation de la loi du 7 janvier dernier, portant création de comptes courants et de chèques postaux.

Il s’agit en l’espèce d’une innovation intéressante à un double point de vue. Tout d’abord, elle semble être le prélude du vaste projet d’"industrialisation" des postes et télégraphes dont la réalisation apparaît désormais comme moins lointaine que certains ne le prétendaient.

D’autre part, on peut à bon droit présumer que la création du chèque postal va donner des facilités nouvelles aux transactions commerciales et industrielles.
Sur ce dernier point, l’avis très autorisé de la chambre de commerce de Paris vient corroborer nos conjectures.           

En effet, dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le président de cette compagnie, M. David-Mennet, nous a fait les déclarations suivantes :

"Il y a quelques années, le projet de création du chèque postal avait rencontré dans le monde des affaires une opposition assez vive.
Cette opposition était basée sur ce principe qu’il est inutile de charger un service public d’opérations dont s’acquittent déjà des services privés. En l’espèce, on craignait que l’administration des P. T. T. ne fît concurrence aux banques.
Depuis lors, le chèque postal, introduit dans certains pays étrangers, a fonctionné à la satisfaction générale, au point d’écarter les préventions qu’il suscitait ici.
Il est certain que chacun trouvera pratique de pouvoir, dans le bureau de poste voisin de son domicile, opérer des versements, effectuer des virements, envoyer des chèques.
Je vois encore à l’innovation un autre avantage ; c’est la vulgarisation de ce mode de paiement si commode qu’est le chèque. Nos commerçants ne s’en servent pas assez ; quant aux particuliers, ils en ignorent pour ainsi dire l’emploi, devenu si courant dans certains pays étrangers, notamment l’Angleterre.
En sorte qu’en fin de compte, les banques, loin d’être gênées par le chèque postal, bénéficieront du succès qui l’attend certainement".

La France du Nord, samedi 19 janvier 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/98.