Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

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Fête nationale

Photographie d'un défilé militaire devant la foule, à l'arrière plan se trouvent les drapeaux des pays alliés

Soldats français et sapeurs-pompiers défilant sur le boulevard International à Calais pour le 14 juillet 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 545.

La fête de l'Independence Day, commémorée le 4 juillet aux États-Unis, devient en France, à partir de 1917, l'occasion d'affirmer le lien fraternel qui unit désormais les deux peuples engagés dans le même conflit. À l'été 1918, l'organisation de cérémonies publiques en leur honneur (mais aussi de réunions artistiques, concerts, banquets, etc.) est vivement encouragée par le gouvernement français. Témoignage de l'union indissoluble des peuples alliés et de la reconnaissance de la France pour l'œuvre que les Américains sont en train d'accomplir, le 4 juillet est considéré comme une seconde fête nationale : pour l'occasion, les communes sont invitées à faire flotter les drapeaux français et américain à toutes les fenêtres.

Le 14 juillet 1918 offre aux Américains l'occasion de rendre la pareille à leurs alliés français. Au même titre que l’armée britannique, les troupes américaines s'associent aux célébrations et aux défilés. Seule manifestation patriotique de la ville en raison des circonstances, le défilé qui s'est tenu à Boulogne-sur-Mer donne lieu à un compte rendu détaillé dans les colonnes de La France du Nord du 15 juillet. Le "France's day", célébré à Amiens et Arras, est relaté le 17 dans le même journal par le correspondant de guerre sur le front britannique.

Boulogne

Fête nationale du 14 juillet 

En raison des circonstances, la revue a constitué, cette année, la seule manifestation patriotique qui eut lieu dans notre ville à l'occasion du 14 juillet. Elle a puisé dans la présence de nos âmes, au milieu des troupes qui y prirent part, un intérêt tout particulier.

La foule, comprenant plusieurs milliers de personnes, était contenue par des cordes placées de façon à laisser libre toute la promenade du boulevard Mariette.

Le service d'ordre était assuré avec beaucoup de tact par M. Bellocq, commissaire de permanence, aide de l'inspecteur de police Bertoux.

Un emplacement spécial avait été réservé aux familles des braves tués à l’ennemi et aux notabilités. Parmi celles-ci nous avons particulièrement remarqué : M. Robert Leullier, préfet, entouré de M. Buloz, sous-préfet ; Paul Lafargue, secrétaire général, Villey, Mariette, Gerbore, conseillers de préfecture ; Roger Lesage, consul de l'Uruguay ; Farmer, consul britannique.

MM. Defontaine, président du tribunal civil, Roze, juge, Legrand, procureur de la République ;

MM. Chochoy, Haffreingue, Coppin, adjoints au maire, auxquels se sont joints bon nombre de conseillers municipaux ;

MM. Charles Péron, président de la chambre de commerce ; Allavene d'Arlon, directeur de la Banque de France ; Deman, directeur des douanes ; les directeurs des contributions, des postes et télégraphes, le trésorier-payeur général, le receveur des douanes ; Béquignon, inspecteur d'académie ; Kindt, commissaire central ; Barlet, principal du collège ; Pollet, secrétaire en chef de la sous-préfecture ; Henri Réveillez, secrétaire en chef de la mairie ; Demessine, directeur de l’octroi, et de nombreux fonctionnaires.

Le général J.-B. Dumas, commandant la région du Nord ; les colonels de Villeneuve, Henry ; l'intendant militaire de Pratt, M. Boret, administrateur de la marine, le commandant Rousse, de la marine de guerre ; le commandant Varlet-Dandre, de nombreux officiers des armées de terre et de mer français et anglais.

À 9 heures, M. le général Falque, gouverneur de Boulogne, accompagné du général Wilberforce, d'un officier américain et suivis de leurs officiers d'ordonnance arrivent sur le terrain.

La musique du territorial joue la "Marseillaise", la fanfare anglaise attaque à son tour l'hymne américain suivi du "God save the King."

Après le salut aux autorités le général Falque passe les troupes en revue.

Aussitôt après a lieu l'émouvante cérémonie de la remise des décorations et des diplômes.

Face au public sont alignés les vaillants soldats auxquels le gouverneur remet la médaille militaire et la croix de guerre. À leurs côtés se tiennent les parents des militaires morts glorieusement pour la patrie auxquels sont remis les diplômes consacrant le courage des héros disparus.

Se dirigeant vers les nouveaux décorés, M. le général Dumas et M. le préfet vont leur serrer la main en leur adressant quelques chaleureuses paroles de félicitations.

Les troupes se massent ensuite dans le haut du boulevard et le défilé commence.

Viennent d'abord la musique et une compagnie de solistes anglais suivis d'un détachement américain.

Le passage de nos alliés est frénétiquement applaudi par le public qui leur fait une ovation enthousiaste.

Défilent ensuite la musique du… territorial, une délégation des médaillés militaires, une section de gendarmes, deux compagnies de ligne et enfin une section de fusiliers marins.

À 9 heures et demie cette belle cérémonie est terminée et les troupes regagnent leurs cantonnements respectifs.

Par une touchante pensée les jeunes gens de la "société de préparation militaire" ont voulu rendre un suprême hommage à ceux qui nous prêtant l'appui de leurs armes sont tombés sur le sol français pour la cause de la liberté. Ils se sont rendus au cimetière où ils ont déposé sur les tombes de nos alliés morts en combattant à nos côtés, deux superbes gerbes de fleurs nouées de rubans aux couleurs nationales.

Au "Foyer du soldat"

La fête nationale a été célébrée avec beaucoup d'éclat au "foyer du soldat", de la rue de la Liane, dépendant de l'Union franco-américaine.

Cette fête de famille, à laquelle assistaient un grand nombre de militaires de la garnison et des nations alliées, était présidée par M. Buloz, sous-préfet de Boulogne, accompagné de M. Barlet, principal de collège.

Un concert avait été organisé avec beaucoup de goût. Tous les artistes se sont surpassés pour donner plus d'éclat à cette charmante réunion. Mlle Germaine Champion, a chanté avec beaucoup de sentiment la belle page de Paladilhe intitulée "Patrie" et un passage d'"Hérodiade", de Massenet, M. Rittberger, violoniste d'une très belle virtuosité, a recueilli les applaudissements prolongés de l'assistance avec "Fantaisies sur Faust". Citons encore M. J. de Misaine, ténor, M. Mouillard, chansonnier marin, et M. Brunels, chanteur comique, qui a égayé toute l'assistance. Le piano d'accompagnement était gracieusement tenu par M. Létienne.

M. Barlet, dans une patriotique et spirituelle harangue, présente M. le sous-préfet qui depuis qu'il est à Boulogne a gagné toutes les sympathies qu'il s'est prodigué pour entretenir le moral de notre population, et qui vient, pour la première fois, honorer le foyer de sa présence.

M. Buloz, en quelques mots sans apprêt, mais partis du cœur, et avec beaucoup de tact et d'à-propos, a félicité "les femmes de bien, les femmes au grand cœur" qui ont fondé l'œuvre du foyer du soldat, œuvre si méritoire qui procure à nos chers soldats, après la tâche quotidienne, et à nos blessés, à leur sortie récréative de l'hôpital, quelques heures réconfortantes où se délasse leur esprit et se retrempe leur courage. Elle les garde ainsi des fréquentations malsaines, du désœuvrement et du découragement funeste.

Œuvre touchante, aussi et si utile puisqu'elle crée autour d'eux tout un groupement de forces agissantes et bienfaisantes, d'appuis, de concours, une atmosphère saine et souriante, un "milieu" avec la contagion de l'exemple, et qui leur manque le plus : "un foyer".

Après avoir salué les armées alliées et les nouveaux frères d'armes, "à l'âme jeune, toute débordante d'enthousiasme et de fraternité, et qui apportent, dans les plis de leur drapeau étoilé, la victoire certaine", M. le sous-préfet a convié éloquemment son auditoire à saluer d'un seul et même cœur, la France glorieuse, toujours plus belle, plus grande, plus humaine par ses fils toujours dévoués et plus vaillants.".

Après ces allocutions, la 2e partie du concert se déroule au milieu du même enthousiasme, Mlle B. Champion de sa voix chaude et vibrante a chanté la "Marseillaise", que la salle reprend en chœur et que nos amis les Américains écoutent avec du silence recueilli et ému. Suit alors l'hymne américain, que nos alliés entonnent avec une voix grave et forte.

La petite fête est terminée par l'offre, à chacun des soldats présents, d'une consommation gratuite qu'ils ont tous accueillie avec joie.

Bonne journée pour la France et pour l'entente au "foyer du soldat" de Boulogne.

Marcel Brunne.

La France du Nord, lundi 15 et mardi 16 juillet 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/97.