Les Britanniques nous quittent
L'armée anglaise qui a donné tant d'animation et aussi de prospérité aux localités du Pas-de-Calais s'éloigne peu à peu.
Les camps si importants établis dans nos environs se vident chaque jour et les véhicules et les tracteurs de toutes sortes qui sillonnaient nos rues sont considérablement diminués.
Récemment, au camp de Malborough, des équipes de prisonniers allemands étaient occupées à enlever des sacs de sable qui entourent les tentes.
D'autres travailleurs emballaient déjà les machines dynamos et projecteurs, qui servaient à la défense aérienne.
Les saucisses installées sur la route de Calais, près de la colonne de la Grande Armée et du fort de la Crèche, sont affalées par terre, flasques et à moitié dégonflées.
Ces appareils, destinés à arrêter, au moyen de filets ou de courants électriques, les escadrilles de Gothas qui longeaient la côte, n'ont, au surplus, jamais donné de résultats pratiques.
Les aéroplanes alliés, qui avaient continué à survoler la région quelques jours après l'armistice, ne se montrent plus depuis la visite du roi George V.
On signale de Saint-Omer des passages de troupes britanniques qui viennent successivement opérer leur "démobilisation", avant de regagner l'Angleterre.
Les soldats ainsi rendus à la vie civile sont, pour la plupart, des ouvriers appartenant à divers corps d'état. Ils vont assurer la reprise de la vie économique et lui donner une nouvelle intensité chez nos voisins d'Outre-Manche.
Il y a aussi beaucoup de mineurs parmi eux qui reprendront la profession quittée par eux et qui assureront une plus forte extraction de charbon.
La majeure partie des services auxiliaires regagne les États britanniques.
Les combattants se sont avancés vers l'Est.
Ici, la vie intense qui régnait aux Bruyères, et par répercussion sur les routes aboutissant au plateau, a cessé.
Seuls quelques baraquements subsistent. Il reste un avion ou deux.
Ce mouvement de retraite est d'ailleurs observé dans les différentes bases des troupes alliées.
Au Tréport et à Eu, l'armée belge semble la plus pressée de déménager. Le génie enlève les baraquements. Les dernières batteries de l'artillerie de campagne ont quitté le camp de la Vierge.
À l'aérodrome français établi sur la route du bois de Cise, on commence aussi les préparatifs de départ.
À Étaples, où les Australiens se trouvaient au nombre de cent mille, on signale de nombreuses constructions vides.