Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

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Réunion des conseils généraux des départements envahis

Si la loi interdit la coalition des conseils généraux, elle leur permet néanmoins de se réunir pour examiner...

Si la loi interdit la coalition des conseils généraux, elle leur permet néanmoins de se réunir pour examiner des sujets déterminés. C'est donc légitimement que les présidents des conseils généraux des cinq départements du Nord envahis (Pas-de-Calais, Nord, Somme, Aisne et Ardennes) se sont rassemblés à Paris, en présence des cinq préfets et de nombreuses personnalités, pour étudier en commun les problèmes nés de la guerre sur leurs territoires. L'heure est venue de rechercher les moyens les plus appropriés à la réorganisation et au développement économique de la région. Pascal Ceccaldi, député radical-socialiste et président du conseil général de l'Aisne depuis 1917, est chargé du rapport préliminaire.

Au vote de la loi sur les dommages de guerre et à la création d'une banque interdépartementale, s'ajoutent la distribution de l'énergie électrique et l'amélioration des voies de communication. Le projet de canal du Nord-Est, en particulier, prévu depuis 1879, apparaît parmi les plus urgents : regroupant le canal de la Chiers, de Longwy à Sedan, puis celui de l'Escaut à la Meuse (près de Denain), il doit permettre de transporter le fer de Longwy et de Briey aux usines métallurgiques du Nord, les combustibles du Nord et du Pas-de-Calais aux fonderies et aciéries lorraines, les produits métallurgiques de l'Est au port de Dunkerque. De ce chantier pourrait dépendre le relèvement de la région, ainsi que celui de ses ports, Boulogne, Calais, Dunkerque et Gravelines. Et, pour ce faire, une plus grande liberté d'action des collectivités est indispensable.

La reconstitution du Nord

L'action de nos départements

M. Ceccaldi précise pour le "Télégramme" les principes de l'action à laquelle il convie les Assemblées départementales

(De notre rédaction parisienne)

Ces jours derniers s'étaient réunis à la préfecture du Nord, rue Montalivet, les présidents des conseils généraux des cinq départements envahis, les préfets de ces départements et un certain nombre de personnalités dont les avis peuvent être utilement sollicités.

Le programme des travaux était extrêmement chargé. Nous avons cru devoir, entre deux séances, "accrocher" M. Ceccaldi, président du conseil général de l'Aisne au moment où, présidant l'assemblée, il venait d'exposer à larges traits un programme d'action, pour lui demander de résumer ce programme à l'intention des lecteurs du "Télégramme".

Avec bonne grâce, M. Ceccaldi consentit à nous faire les déclarations suivantes :

"Vous exposez la tâche que nous entreprenons ? Mais cela exigerait de longues heures de conversation car le programme que j'envisage est singulièrement complexe. Néanmoins, je vais essayer de vous résumer brièvement ses grandes lignes.

Régionalisme

"Je pense que l'heure est venue d'envisager avec attention les problèmes que posera bientôt la réorganisation économique de nos régions et de rechercher les moyens les plus propres à leur remise en état et à leur développement futur.

Or, devant ces problèmes de toute nature qui surgissent en foule au milieu de nos ruines, je m'enhardis jusqu'à penser que rien de tout ce qui est régional ne doit échapper à notre attentive sollicitude. Je mets en fait que la centralisation administrative ne saurait être maintenue, lorsque sera terminée la guerre, sans causer un préjudice grave à la vie collective qui veut renaître quand même sur nos terres dévastées. Il nous faudra donc, peu à peu, et, si j'ose dire, par étapes, réaliser l'intégralité du régionalisme administratif.

En effet, si nous observons l’évolution économique depuis quelque quinze ou vingt ans, nous voyons que les progrès réels sont dus à d'heureuses initiatives régionales et non point à celle de l'État. Notre réseau de voies ferrées eût-il jamais été complété sans l'initiative et l'esprit de décision des Assemblées départementales ?

Les routes, même nationales, peuvent-elles entrer en comparaison avec nos voies de grande communication et nos routes départementales ? Et ne semble-t-il pas enfin que l'État entrave la vie économique du pays tout entier, en entourant de formalités compliquées et rébarbatives, les projets les plus simples et dont la réalisation eût été si aisée sans son ingérence ?

Voulez-vous un exemple de ce que peut faire l'initiative régionale ? Je le prends chez nos ennemis même, en Allemagne. Voyez comment, par le développement extrême des ports et des voies d'eau, grâce au régionalisme, grâce à sa décentralisation administrative, l’Allemagne avait atteint une enviable prospérité.

En conséquence, pour la défense de nos intérêts départementaux qui arrivent à se confondre avec les intérêts de l'État, j'envisage un programme d'action commune, d'action intégrale.

Nous devons nous efforcer de faire creuser toutes les voies d'eau complémentaires dont ne se sont pas assez souciées les chambres de commerce et dont le besoin se fait et se fera sentir ; nous devrons également penser à raccorder voies ferrées et canaux et veiller à doter nos ports de ces bassins immenses et bien agencés qui assurèrent la fortune des grands ports allemands. Et, pour tout cela, il nous faudra encore, grâce à une puissante organisation bancaire, distribuer le crédit à bon compte et à long terme, et créer un enseignement professionnel régional tel que chaque contrée puisse trouver l’enseignement qui concorde le mieux avec ses besoins.

Formule américaine

Puis-je vous demander de préciser votre pensée par quelques exemples ? Ainsi il a été question du canal du Nord-Est ?...

Oui, nous avons mis au programme le canal du Nord-Est, parce qu'à mon avis, il est l'un des projets dont la réalisation depuis longtemps à l'étude m'apparaît des plus urgentes pour les besoins de la région du Nord. Personnellement, je tiens essentiellement à ce que le tracé de ce canal soit établi dès maintenant pour obtenir du gouvernement la déclaration d'utilité publique, et ainsi sur l'emplacement de ce tracé, des constructions nouvelles pourront être interdites de façon à éviter les expropriations toujours longues et coûteuses. Ceci n'est qu'un détail. Les questions particulières entrent dans le cadre de l'action régionaliste dont je vous parlais. Ces questions nous les accueillons et notre devoir est de les mettre au point au plus vite pour hâter leur solution.

En principe : pas de double emploi, l'harmonie dans l'effort. Voici quel est, vu d'ensemble, le programme qui s'impose à l'activité départementale. Il est vaste et complexe, mais son ampleur même réclame l'assiduité vigilante de ceux qui, seuls, par leur contact permanent avec les réalités, sont qualifiés pour agir. Pour terminer, je rappellerai une formule heureuse : On gouverne bien de loin, on n'administre bien que de près.

La vie reprendra dans nos régions. Parce qu'elle est plus forte et plus vivace que la matière ; cette vie ne peut pas s'arrêter. Mais elle ne se manifestera dans tout son renouveau de jouvence que si, nous pénétrant des paroles du président Wilson d'après qui les vieilles formules politiques ne correspondent plus aux problèmes actuels, nous aidons à la constitution d'une économie politique nouvelle, l'économie politique régionale, la seule qui s'imposera au lendemain de la guerre, car elle seule prend fond sur un vieux terroir français dont chaque parcelle aura acquis l'inestimable prix du sang versé."

Nous aurons l'occasion de revenir sur cet important programme qui présente pour la région du Nord, un très grand intérêt.

Tristan Le Roux

Le Télégramme, jeudi 25 juillet 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/30.

Nos conseil généraux

Nous aurons le canal du Nord-Est

Nous avons parlé dans nos derniers numéros des réunions interdépartementales tenues à Paris par les présidents des conseils généraux du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de l'Aisne et des Ardennes ; à la dernière réunion assistaient en outre, les préfets ou secrétaires-généraux des cinq départements et les membres des commissions départementales ; c'est ainsi que sera constituée désormais la commission interdépartementale d'étude. La première réunion plénière a eu lieu le 12.

De l'avis de M. Ceccaldi, il est indispensable d'arriver peu à peu au régionalisme administratif car les progrès économiques ont toujours été dus aux initiatives régionales venant se greffer sur l'anonymat de la loi. Il faut donc se proposer "un programme d'action commune, d'action intégrale."

Le but de cette réunion, d'une importance exceptionnelle pour la reprise et le développement de la vie économique dans ces régions si éprouvées par la guerre, était de créer un lien entre les départements envahis et sinistrés et, sur le terrain de la loi de 1871, de rechercher les moyens de leur rendre, la paix venue, cette activité qui était, avant la guerre, une des plus importantes sources de richesse de la France.

La création de nouvelles voies de communications, la mise en valeur des cours d'eau, une organisation bancaire adaptée aux besoins d'un pays totalement vidé de son outillage et de ses matières premières, l'aménagement de centrales d'énergie électrique, l'hygiène, l'assistance, l'enseignement professionnel, les problèmes fiscaux, les dommages de guerre, toutes ces questions se rattachent à un plan de réorganisation générale auquel peuvent et doivent collaborer, ensemble, les collectivités en cause.

C'est le projet de création d'un canal de Dunkerque au bassin de Briey, avec porte d'eau à Hirson et à Charleville, que la réunion interdépartementale avait placé à l'ordre du jour de la première réunion.

M. Ceccaldi proposa à ses collègues de voter une délibération, relativement au canal du N.-E., délibération sur laquelle les commissions départementales auront à se prononcer. On sait que, aux termes de la loi, si les départements acceptent cette délibération, elle sera exécutoire et le gouvernement devra prendre dans les deux mois un décret permettant d'envisager la construction du canal. Dans le cas où les commissions départementales n'accepteraient pas la délibération, celle-ci devrait être considérée comme un vœu.

M. Ceccaldi rappelle que le canal du N.-E., tout en ayant la priorité dans le plan Freycinet et dans le plan Baudin, ne fut cependant pas accepté car il y eut des protestations dues aux intérêts privés. Il faut reprendre ce projet, fixer dès maintenant le tracé du canal, car les usines ont malheureusement disparu, et les industriels pourront s'installer à proximité du tracé du canal. De plus on évitera les frais d'expropriation. Ainsi, la prospérité économique de la région pourra revenir plus rapidement aussitôt la paix.

Pour étudier le projet complet de l'exécution des travaux de ce canal du N.-E., une commission fut nommée ; elle était composée des présidents des cinq conseils généraux, et d'un délégué de chaque commission départementale.

Une réunion plénière a eu lieu l'après-midi.

Le projet a fait l'objet d’un débat approfondi, le tracé du canal a été étudié avec soin, et en présence des avantages certains que le canal du Nord-Est représente l’assemblée l'a adopté à l'unanimité. Elle a de même voté le principe de la dépense évaluée au maximum à 300 millions, l'État devant intervenir pour la moitié.

Lors de leur prochaine session les conseils généraux seront appelés à ratifier le vote de leurs commissions départementales et ainsi la région du Nord-Est sera dotée d'un puissant facteur de prospérité.

Le Lion d'Arras, jeudi 25 juillet 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.