Monsieur le Préfet, Monsieur le Doyen d’âge, Mes Chers Collègues,
J’ai d’abord à vous présenter mes remerciements personnels. C’est évidemment un honneur que celui d’avoir été désigné à ce poste par le nombre de voix que vous avez bien voulu accorder à ma candidature ; je vous demanderai la permission de le reporter sur le parti que je représente.
C’est un honneur d’être le Président du premier Conseil général, élu depuis la libération du territoire. Nous avons, en effet, ce privilège d’être les premiers à refaire fonctionner la République, avec cette volonté marquée, par la plupart d’entre nous, de faire qu’elle ne soit pas la suite de la précédente.
Avant de commencer les travaux, je suis sûr d’être votre interprète, sans distinction et sans différence entre vous, pour rendre d’abord hommage à tous nos morts : à ceux du Conseil général lui-même, - car le Conseil général a payé son tribut à la grande cause de la libération, - à tous les morts du département, à tous les morts de la France, à tous ceux qui, sur les divers champs de bataille du Monde, sont tombés. Et vous me permettrez de faire une place, une place particulière en nos cœurs, à ceux qui sont tombés dans la lutte clandestine et grâce auxquels la France a retrouvé dans le monde à la fois son prestige et sa valeur morale.
Je vous demanderai de bien vouloir vous associer à cet hommage en vous levant et en observant une minute de silence.
(Le Conseil général observe une minute de silence).
M. le Président. – Merci.
Et puisque nous venons ainsi de magnifier ensemble l’esprit de résistance, qu’il me soit permis de saluer en votre nom celui qui, pendant quatre ans, a incarné la résistance : le général de Gaulle.
Mais, si ces élections, qui nous ont portés aux postes que nous occupons ont été une victoire pour l’esprit de résistance, elles ont été aussi une immense affirmation de la foi républicaine, de la volonté de changement qui anime toute la population de notre Pays et c’est ce qui doit inspirer notre action.
Certes, nous essaierons, comme nos prédécesseurs, d’être avant tout de bons administrateurs du Département, nous continuerons à entretenir avec l’administration préfectorale, que je suis heureux de saluer et de remercier, les excellentes relations que nos prédécesseurs ont appréciées, mais nous n’oublierons pas que nous sommes, avant tout, des Républicains, et pour la majorité d’entre nous, des révolutionnaires au sens exact. Nous entendons mettre la République à l’abri de ce qui pourrait la menacer, nous entendons sceller dans l’action, dans le travail, l’union de tous ceux qu’anime la foi dans la mission révolutionnaire de notre Pays.
Nous appuierons notre action sur celle du Conseil National de la Résistance, sur celle du Comité départemental de la Libération. Nous entendons l’appuyer sur les immenses forces syndicales du Département. Nous espérons que la future Constitution donnera à nos successeurs des pouvoirs plus réels que ceux qui nous sont dévolus. D’ores et déjà, nous voulons marquer notre volonté de certains changements.
À l’intérieur du Pays, notre région n’a pas la place qui lui est due, et pourtant ai-je besoin de dire quel est l’effort de la population totale du Pas-de-Calais ? Ai-je besoin de dire l’effort des ouvriers mineurs, de rappeler l’effort des paysans, celui des cheminots, des marins et pêcheurs, des fonctionnaires, de toutes nos corporations ? Vous savez bien, mes chers collègues, que nous ne sommes pas, à l’heure actuelle, payés de retour.
Sans vouloir descendre dans un particularisme, nous avons le droit de faire valoir qu’en échange de l’effort fourni par les populations du Pas-de-Calais, y compris l’effort fiscal, nous ne recevons pas de l’ensemble du pays la récompense due au mérite de nos administrés. Même en restant dans le cadre régional, dans le cadre de la région du Nord, notre Département continue à faire figure de parent pauvre.
Il nous appartiendra, à nous élus du Pas-de-Calais, de rendre à notre Département ce qui lui est dû. Je suis sûr que, sur ce point, nous serons unanimes pour montrer notre volonté de changement.
Voilà ce que j’avais à dire. Prolonger les discours serait retarder nos travaux. Je conclus en vous renouvelant mes remerciements et en vous invitant à reprendre ensemble nos travaux un instant interrompus.