Archives - Pas-de-Calais le Département
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Fermeture de la salle du centre Georges Besnier (site d'Arras)

Pour toute recherche dans les fonds qui y sont conservés (archives contemporaines), la consultation aura lieu dans la salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois, à Dainville. Deux levées sont organisées par semaine :

  • Pour une consultation de vos documents à partir du lundi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le jeudi précédent, à 12h ;
  • Pour une consultation à partir du mercredi matin, la commande des cotes doit être passée au plus tard le mardi précédent, à 12h.

Le nombre de commandes est limité à 10 par jour et par personne. Le système de navette nécessitant une organisation rigoureuse et de nombreuses manipulations, il est essentiel de venir consulter les documents commandés avant la fin de la semaine, après quoi ils seront rangés.

La commande se fait via notre formulaire de contact.

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Citations et distinctions comme gages de reconnaissance

Photographie noir et blanc montrant la façade d'un grand bâtiment portant une grande décoration militaire.

Maquette de la croix de guerre accrochée sur la façade de l'hôtel de ville de Calais, 1919. Photographie découpée. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 561.

Les citations à l’ordre de l’armée sont des distinctions reçues pour actes de bravoure et comportement exemplaire. Elles prennent la forme de courts textes consignés dans les états de services des récipiendaires, et repris dans les communiqués officiels ou dans les colonnes des journaux. Plusieurs titres font de fait régulièrement paraître des "tableaux d’honneur" de soldats cités durant la guerre (entre 1915 et 1919, L’Illustration publie ainsi 16 486 portraits de soldats). Ce témoignage de reconnaissance, véritable hommage public de la Nation envers ses enfants, est source de fierté et de réconfort pour ceux qui risquent leur vie au quotidien, tout comme pour leurs familles conscientes du danger omniprésent.

C’est pourquoi, certains souhaiteraient aller plus loin dans cette symbolique de distinction. Dénonçant le caractère éphémère et ponctuel de la citation, certaines initiatives tendent à inscrire plus durablement la bravoure des soldats cités. L’article "Pour nos héros calaisiens", paru dans Le Télégramme du 15 février 1918, salue ainsi l’affichage de tableaux d’honneur sur les murs de la mairie de Boulogne-sur-Mer, offrant aux yeux des passants une reconnaissance publique des efforts consentis par les enfants du pays.

Dès décembre 1914, plusieurs députés proposent la création d’une médaille militaire, destinée à honorer la valeur et le courage des soldats ; le 26 mars 1915, le Parlement vote la loi créant la croix de guerre. La même logique commémorative est aussi appliquée aux victimes de la guerre. Le 2 juillet 1915, la publication de la loi "mort pour la France" précise : Il semble juste que l’état civil enregistre, à l’honneur du nom de celui qui a donné sa vie pour le pays, un titre clair et impérissable à la gratitude et au respect de tous les Français .

Cette mention, aussi immatérielle qu’une citation, est pérennisée le 17 avril 1916 avec la création d’un diplôme d’honneur. Enfin, le 25 octobre 1919, une loi "sur la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre" vient sacraliser la reconnaissance publique nationale du dévouement des Français.

Pour nos héros calaisiens          

Nombreux sont les Calaisiens qui, chaque jour, sont appelés à aller à Boulogne pour affaires, pour visites de famille ou pour question de justice. L’on y va pour servir de témoin dans quelque affaire correctionnelle sur laquelle on est considéré comme apte à fournir quelques éclaircissements à Thémis. Les époux en mésintelligence y sont pareillement appelés pour être invités, par un magistrat paternel et réconciliateur, à oublier les torts réciproques que peuvent avoir les conjoints l’un envers l’autre. Le bon juge s’efforce de remettre l’accord dans le ménage et à  restaurer, au foyer divisé, la concorde, sœur de la Paix. On va encore, de Calais à Boulogne, pour un tas d’autres motifs, pour voir un avoué, pour passer devant le conseil de réforme, pour passer à la recette des finances, pour entrer en contact avec les divers organes administratifs qui gravitent autour de la sous-préfecture et même, ce qui est mieux encore, depuis que les Boches ont forcé les diverses organisations départementales à quitter Arras, on va à Boulogne pour voir le Préfet ou les bureaux de la préfecture. On y va pareillement pour rendre visite à sa Grandeur Mgr l’Évêque d’Arras qui, pour le même motif péremptoire que M. le Préfet, a dû quitter, lors de la ruée des Barbares sur notre département, sa cité épiscopale pour chercher un asile à Boulogne.

Donc d’innombrables Calaisiens se rendent, le long d’une année, au chef-lieu de l’arrondissement promu en définitive à la dignité de chef-lieu du Pas-de-Calais, en attendant la restauration d’Arras martyre et mutilée. Et ces Calaisiens, de même que tous les étrangers visitant Boulogne, n’ont pas manqué, en traversant la Haute Ville, de remarquer contre la façade de la maison commune cinq ou six tableaux – véritables tableaux d’honneur – sur lesquels figurent les noms de tous les Boulonnais qui, depuis le commencement de la Grande Guerre, ont été l’objet de citations à l’ordre du jour. Certes, voilà une idée excellente que nous aurions aimé voir adopter et pratiquer à Calais. Ils forment des bataillons serrés, les noms de ces vaillants enfants de Boulogne qui ont mérité la glorieuse inscription sur ces tableaux de la mairie. Il y en a déjà des centaines et des centaines.

C’est une publicité louable au premier chef et qu’ont bien méritée de leur cité natale ou simplement d’adoption ceux qui ont bravé la mort pour servir le Pays dans l’effroyable conflit qui met l’Europe à feu et à sang. À Calais jusqu’ici, nous nous sommes contentés de donner aux citations de nos enfants et de nos jeunes concitoyens la publicité essentiellement éphémère des journaux qui, jour par jour, les inscrivent à leur livre d’or. Mais les feuilles publiques vivent moins longtemps encore que vivent les roses et il est permis, pour ce motif, de considérer qu’on ne devrait pas s’en tenir uniquement à cette publicité d’un matin pour glorifier les actions héroïques de ceux qui ont tout abandonné, foyer, affaires, famille, pour remplir leur devoir de Français.

Certes, il est regrettable que le nouvel hôtel de ville central n’ait pu être achevé avant que la guerre éclatât. Ces tableaux d’honneur auraient pu, comme à la mairie de Boulogne, être placés bien en vue, sur le passage le plus vivant et le plus animé de la ville. Honneur largement mérité et qui réjouirait grandement le cœur des parents, des frères, des sœurs, des épouses de nos vaillants soldats. Mais ne pourrait-on pas faire quelque chose en ce sens et apposer ces tableaux d’honneur sur la façade de l’hôtel de ville de la place Crèvecœur ? Certes ils y feraient au moins tout aussi bonne figure que les avis administratifs et les publications de mariages, captifs derrière leur grillage officiel. Les voyages, dit-on, instruisent la jeunesse. Point n’est besoin d’aller au bout du monde pour trouver quelque enseignement utile. Il peut suffire d’aller de Calais à Boulogne.

Pharos

Le Télégramme, vendredi 15 février 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/29.