Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Moulins d'hier et d'aujourd'hui

Les moulins constituent, au même titre que les châteaux, les églises ou les maisons, des éléments de notre patrimoine. Le Pas-de-Calais en a possédé plus de 1 500 au XIXe siècle. Beaucoup ont disparu du fait de la mécanisation et des guerres.

Les moulins à eau, qui ont été moins nombreux que ceux à vent dans notre département, sont actuellement les mieux préservés au long des cours d’eau comme la Canche, l’Authie, l’Aa ou la Scarpe. L’industrialisation et l’urbanisation ont fait disparaître la plupart des moulins à vent ; ceux qui subsistent sont visibles surtout dans le nord-ouest du Pas-de-Calais.

À travers l’étude des moulins, c’est toute une civilisation qui ressurgit, civilisation rythmée par les éléments naturels : l’eau et le vent. Les moulins permettent de présenter l’ensemble des activités humaines depuis le Néolithique avec les découvertes archéologiques des premières meules jusqu’au XIXe et XXe siècle, époques pour lesquelles les archives conservent le plus de traces.

Parcours : étape 2/5

Apogée et déclin des moulins

Galerie photos

La première moitié du XIXe siècle : l’apogée des moulins

C’est la grande enquête de 1806, lancée par l’administration impériale pour connaître l’état numérique des moulins, qui nous fournit les renseignements les plus précieux. Elle distingue les moulins à vent et à eau, à blé et à huile, et donne des précisions sur le personnel employé.

On peut la rapprocher de celle de 1809, consacrée aux moulins à blé, elle la complète utilement quant au mécanisme et à la production : eau, vent, roue horizontale ou perpendiculaire, nombre et origine des meules, qualité des moutures, capacité de production.

Carte postale noir et blanc représentant un moulin.

Montreuil-sur-Mer. Les petits moulins. Archives départementales du Pas-de-Calais, 12 J 358/1172.

La progression a continué, puisque le chiffre de 1 333 moulins est avancé à la suite de l’enquête. On peut les regrouper en quatre grandes catégories :

  • à farine, les plus nombreux avec 1 005 unités, ils sont à eau et à vent ;
  • à huile, 286 moulins, ils sont en augmentation sensible dans les arrondissements d’Arras, Béthune et Saint-Omer, plus d’un tiers d’entre eux sont situés dans le bassin versant de la Haute-Scare autour d’Arras. Ils sont surtout à vent ;
  • à caractère industriel, 39 moulins fabriquent du papier, du fer, de la poudre à canono, du tan, etc. Ce sont essentiellement des moulins à eau, ils se trouvent dans les vallées de l’Aa, de la Lys, de la Canche, de la Liane et de la Scarpe ;
  • à assécher, dans l’Audomarois surtout (non répertoriés dans l’enquête).

Le déclin

Pour le milieu du XIXe siècle, aucune enquête de ce type n’existe. Il faut faire appel aux sources fiscales pour avoir une idée du nombre de moulins. Les carnets de perception en constituent un bon exemple. Tous les établissements industriels y sont répertoriés par commune avec des indications sur l’année des informations, la nature de l’établissement, le nom de l’exploitant, l’adresse, la description des bâtiments et de l’outillage, la valeur vénale et la valeur locative.

En utilisant cette source pour les années 1850 et 1870, on s’aperçoit que le nombre de moulins descend dans la région d‘Arras de 145 en 1806, à 105, puis à 83. Ce sont surtout les moulins à vent qui déclinent alors que le nombre des moulins à eau reste stable.

Calendrier sur lequel figurent des moulins.

Calendrier de 1937. Archives départementales du Pas-de-Calais, 6 FiC 706.

La grande période de démolition des moulins à vent se situe entre 1868 et 1875. Les causes en sont bien connues : diminution de la culture des oléagineux et concurrence de la machine à vapeur et des moulins industriels. Dans l’Arrageois, les moulins à huile passent de 100 en 1806, à 64 en 1850, à 49 en 1870 et à 10 en 1900.

Si les moulins à vent disparaissent, les moulins à eau continuent à travailler, souvent grâce à l’adjonction d’une machine à vapeur qui compense la faiblesse des rivières et permet de résister à la concurrence des moulins industriels à vapeur.

Une statistique des moulins à eau en 1867, toutes productions confondues, publiée dans l’Annuaire statistique du Pas-de-Calais, nous donne le chiffre de 303 usines, alors qu’en 1809, il y avait 401 moulins à farine, et 347 en 1790. Le recul est certes plus lent, mais il est sensible.

La fin du XIXe siècle

Deux enquêtes sur les moulins ont été effectuées à la fin du siècle, l’une par le Génie rural en 1870, l’autre par les Ponts et Chaussées en 1898.

L’armée, elle aussi, s’est intéressée à plusieurs reprises aux moulins à blé et à huile dans le cadre d’enquêtes sur le ravitaillement. Elles ont été confiées à des minotiers ; ainsi celle de 1895 a été faite sous la responsabilité d’Amédée Doutrepémuich, propriétaire des moulins de Blangy, conseiller d’arrondissement et membre du comité de ravitaillement.

Les résultats confirment la nette diminution des moulins à ventl’utilisation de plus en plus fréquente de la machine à vapeur dans les moulins à eau, enfin, la multiplication des moulins industriels beaucoup plus performants. C’est  la guerre de 1914-1918 qui sonnera le glas des moulins à vent, comme le confirme l’enquête de 1917 organisée par l’armée.

Trente-six cantons sur quarante-six ont répondu à cette enquête sur les moulins à blé. Les dix cantons dont on ne possède pas les réponses sont ceux de l’est du département, tous situés sur la ligne de front, ce qui signifie que la plupart des moulins étaient détruits.

De cette enquête, il ressort que le département ne compte plus que 325 moulins à farine contre 1034 en 1806. Sur ces 325 moulins à farine, 204 sont à eau, alors qu’ils étaient 401 en 1806 (diminution de près de 50%) et 353 en 1867. Il n’y a plus en 1917 que 69 moulins à vent à blé, dont la moitié a été abîmée par les combats, soit dix fois moins qu’en 1806. Les 52 autres moulins sont des moulins industriels, certains utilisant deux forces, eau-vapeur ou eau-gaz, voire dans trois cas, vent-vapeur.

Si les moulins à vent ont connu leur fin suite à  la Première Guerre mondiale, certains moulins à eau fonctionneront encore jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ou seront remis en activité à ce moment. Mais les moulins industriels avaient déjà gagné la partie à la fin du XIXe siècle. Si l’on observe la capacité de production de farine en 1917, ce sont eux qui sont les plus performants puisque le 52 moulins utilisant la vapeur, l’électricité ou le gaz pauvre produisent 6.323 quintaux de farine par jour contre 4.456 quintaux pour les 273 moulins à eau et à vent.

This is a title
Copyright Légende Télécharger la photo