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Pèlerinage imprévu à Notre-Dame-de-Lorette

Sur les hauteurs des collines d’Ablain-Saint-Nazaire se dressait jadis une petite chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette. La première chapelle est bâtie en 1727 par un habitant du village, Nicolas Florent Guilbert à son retour d’un pèlerinage à Santa Casa de Loreto en Italie.

Le curé d'Ablain Saint-Nazaire obtient en 1815, du préfet et de l'évêque d'Arras, l'autorisation de reconstruire la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette, détruite en 1794 ; une première messe y est célébrée le 8 septembre 1819, à l'occasion de la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

Le nombre de pèlerins croissant au fil des années, l'évêque d'Arras en autorise l’extension, mais aussi la célébration d’une messe chaque jour de la neuvaine précédant la Nativité du 8 septembre.

Située au cœur des combats qui dévastent la colline de Lorette, la chapelle est détruite en mai 1915. Elle reste cependant toujours un lieu de dévotion, et la neuvaine de septembre 1915 constitue plus encore un temps privilégié pour la prière, touchant désormais les pèlerins de la foi, mais aussi toutes les familles de soldats tués lors des combats entre l’armée française et l’armée allemande.

Pèlerinage imprévu à Notre-Dame-de-Lorette

Le nom de Notre-Dame de Lorette est aujourd’hui célèbre jusque dans le fond de l’Allemagne, à cause des combats héroïques qui ont rougi de sang toutes les pentes de cette colline. Mais nulle part il n’est aussi populaire que dans la région houillère de notre Artois.

C’est le 8 septembre que s’ouvrait habituellement la neuvaine. Cette année, n’y aurait-il donc aucun pèlerinage ? Pressés par les désirs de leurs paroissiens, plusieurs curés des environs ont organisé, dans leurs églises, des cérémonies qui ont été fort suivies.

À plusieurs reprises, M. le doyen de Barlin, aux saluts du soir, entretint, de la chapelle et de la pieuse dévotion dont elle était le centre, les soldats cantonnés chez lui. Chaque fois, l’église était comble, et les médailles de N.-D. de Lorette étaient avidement disputées.

M. Darras, curé de Sains-les-Mines, eut l’audace d’aller, sur l’emplacement de l’ancienne chapelle, recueillir des reliques et des souvenirs. Il organisa, dans son église, toute une neuvaine de prédications, auxquelles on se rendit des villages voisins, privés hélas ! de curés : Bouvigny, Aix-Noulette, Sains-en-Gohelle.

C’est le prélude du grand mouvement qui demain entraînera, non seulement nos populations artésiennes, mais toutes les familles de nos héros, vers le sanctuaire, aujourd’hui en ruines, de Notre-Dame de Lorette. Que cet espoir soutienne, dans son long exil, en la ville de Douai, M. le curé d’Ablain-Saint-Nazaire !

La Croix du Pas-de-Calais, samedi 9 octobre 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/17.