Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

La stéarinerie de Saint-Nicolas

Carte postale noir et blanc montrant une usine détruite, entourée de gros tonneaux en métal renversés.

Arras - Guerre 1914-1915. Un obus tombant au milieu de cette usine transporte un de ces gros fûts de fer pesant 200 kilos sur le toit d'une maison située à 150 mètres de là. [C'est la fabrique de bougies qui est à Saint-Nicolas d'Arras]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 Fi 944.

Bien qu’intitulé "la stéarinerie de Saint-Nicolas-lez-Arras", l’article transcrit ci-dessous ne parle absolument pas de l’entreprise installée dans la très proche voisine d’Arras, pourtant prise pour cible par les artilleurs allemands en octobre 1914.

Cet article ressemble davantage à une publicité, avec l’estampille certifié utile pour le poilu. L’auteur est anonyme et l’article paraît lui-même avoir été tiré d’un autre journal, Le Périscope. Plusieurs journaux de tranchées portent ce nom. Dans ce cas précis, on pourrait avancer qu’il puisse s’agir de "l’organe des poilus du 83e", puisque ce régiment stationnait près de la stéarinerie en mai 1915.

L'industrie de la stéarinerie a connu une période de très grande prospérité suite aux travaux menés par le chimiste Michel-Eugène Chevreul en 1834, travaux qui conduiront à la fabrication de bougies en série et par conséquent bon marché. Jusque dans les intérieurs les plus modestes, on a ainsi remplacé les chandelles en suif d’animal par des bougies stéariques plus dures. Celles-ci se consumaient mieux, produisaient de ce fait plus de lumière, moins de fumée, et ne dégageaient pratiquement aucune odeur incommodante. C’est sans doute pour ces qualités que la stéarine fut une fidèle compagne de nos poilus.

La stéarinerie de Saint-Nicolas-lez-Arras

La stéarine est la compagnie assidue de nos soldats. Par elle les nuits de cet hiver ont paru moins longues. Ô mères ̶ ô fiancées, remerciez-la. Avec elle vos soldats ont façonné ces pauvres bougies qui leur ont permis de vous écrire.

Le poilu est débrouillard, il prend de la mèche, coule la stéarine et en fait une merveille, une bougie digne de s’accrocher à un piano, ou un énorme cierge de première communion. On s’instruit en guerre, et plus tard rentré au fin fond de l’Ariège, le vieux loustic en allant chez l’épicier pourra avec autorité dire si c’est de la camelotte.

O stéarinerie, mine inépuisable de ficelle, de papier d’emballage, de suif, de stéarine et d’obus, nous nous souviendrons de toi ! ! ! Grâce à toi, l’officier d’approvisionnement a fait du boni sur l’éclairage, grâce à toi le poilu a pu jouer aux cartes jusqu’au matin ; grâce à toi, il a pu se graisser les pieds convenablement.

Merci… Place au progrès ̶ à l’électricité !... mais on se souviendra de toi et quand on racontera la campagne au coin du feu, perclus de rhumatismes, on commencera : Une fois, je faisais des bougies quand un obus…

XXX
(Le Périscope)

La Croix du Pas-de-Calais, mardi 16 mai 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/18.