Archives - Pas-de-Calais le Département
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Naissance d'Hippolyte Carnot à Saint-Omer

Au sein de la collection Victor Barbier (sous-série 4 J), figure un ensemble de neuf caricatures d’hommes politiques originaires du Pas-de-Calais, dessinées sur calque à l’encre de Chine et à l’aquarelle. La plupart paraissent avoir été composées à l’occasion des élections sénatoriales de janvier 1876 ou des législatives de février-mars. Celle d’Hippolyte Carnot rappelle à la fois son passé saint-simonien, ses principales publications et le destin étonnant de sa famille

Érudit engagé

C’est le 16 germinal an IX (6 avril 1801) que naît à Saint-Omer Lazare-Hippolyte Carnot. Fils cadet du "grand Carnot" et de Sophie du Pont (fille d’un directeur des subsistances militaires audomarois, propriétaire du château de Belst à Saint-Martin-au-Laërt), il suit son père à Paris, puis en exil à partir de 1815, en Belgique, en Pologne et à Magdebourg, où Lazare meurt le 2 août 1823.

Rentré en France, Hippolyte Carnot fréquente les cercles libéraux, ainsi que les saint-simoniens dès la fin de 1826, collabore à leurs périodiques et dirige la Revue encyclopédique en 1831-1833, tout en traduisant des ouvrages allemands, tels les Chants helléniens de Wilhelm Müller (1828). Élu à Paris député de l’opposition dynastique en mars 1839, juillet 1842 et août 1846, il défend la doctrine de son parti dans Les radicaux et la Charte, paru en 1847.

Républicain convaincu

Dessin sur calque, encre de chine et aquarelle, représentant un vieil homme à la barbe blanche tenant un livre, assis dans une charette surmontée d'un heaume.

Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 487/43.

Rallié à la République née de la Révolution de février 1848, il reçoit le portefeuille de l’Instruction publique dans le ministère formé par le Gouvernement provisoire. Son décret du 8 mars prévoit la création d’une école d’administration, destinée à former les hauts fonctionnaires ; il prépare de même un projet de loi sur la gratuité et l’obligation de l’instruction.

Il est maintenu à son poste lors des remaniements des 11 mai et 28 juin, mais doit démissionner le 5 juillet face à la défiance de l’Assemblée. Il avait été élu à la Constituante en avril 1848 ; battu en mai 1849, il redevient représentant de la Seine en mars 1850, grâce à l’appui des démocrates socialistes.

Il proteste contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte et refuse de prêter serment au nouveau régime pour pouvoir siéger au Corps législatif, tant en février 1852 qu’en juin 1857. Il accepte en revanche d’y entrer en mars 1864, au nom de la première circonscription de Paris, mais échoue par deux fois au renouvellement de 1869. Maire du 8e arrondissement de Paris le 4 septembre 1870, il représente la Seine-et-Oise à l’Assemblée nationale de février 1871 et vote avec la gauche républicaine. Il est choisi le 15 décembre 1875 pour faire partie des sénateurs inamovibles ; devenu le doyen de la Chambre haute, il meurt à Paris le 15 mars 1888.

Son fils aîné, Sadi Carnot (1837-1894), le futur président de la République, a été député de Côte-d’Or de février 1871 à décembre 1887, ministre des Travaux publics, puis des Finances ; son cadet, Adolphe (1839-1920), professeur de chimie et directeur de l’École des mines de Paris, a été conseiller général (1898), et président du conseil général (1902-1908) de la Charente.