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Découverte du premier gisement houiller dans le Boulonnais

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Les prémices des concessions minières dans le Pas-de-Calais

La légende veut que la découverte de la houille dans le Boulonnais remonte aux années 1660 : c’est à cette époque que le soc de la charrue d’un cultivateur de Réty aurait heurté un affleurement existant près du bois des Roches (à l’ouest d’Hardinghen et de Réty). Mais c’est à la fin du XVIIe siècle que l’on trouve trace d’écrits confirmant l’exploitation des mines de charbon : la première fosse, dite Cavrel de Tagny, est ouverte en 1692 et abandonnée l’année suivante.

Nécessité et débuts de l’exploitation houillère dans le Pas-de-Calais

Plan manuscrit montrant les limites des concessions, les bois et l'emplacement des veines de charbon.

Plan figuratif des mines de houille de Fiennes et d'Hardinghen. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 437/39.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux forages sont réalisés sous l’impulsion du pouvoir souverain qui encourage fortement la prospection et l’utilisation du charbon de terre pour faire face à la raréfaction du bois.

Dans l’inventaire de  la série C des archives départementales (malheureusement presque intégralement disparue en 1915), on relève ainsi que les États d’Artois ont résolu d’accorder en 1768 50 000 livres aux entrepreneurs qui seront parvenus à trouver une mine de charbon de terre dans la province, laquelle somme ne sera payée que lorsque cette mine sera mise en pleine exploitation (analyse de l’article C 660). Car, bien que quelques gisements soient mis à jour dans le Boulonnais, la pauvreté des veines empêche une exploitation à grande échelle, comme celle initiée par la toute puissante compagnie d’Anzin, créée en 1757 dans le Valenciennois sous l’égide du prince de Croÿ.

Les concessions boulonnaises ne suffisant pas à l’approvisionnement local, la région demeure longtemps tributaire de la production du Hainaut français et des Pays-Bas méridionaux, qu’elle fait venir à grands frais. D’où la nécessité de découvrir de nouveaux gisements sur ce territoire. Les premières fouilles sérieuses en Artois sont entreprises en 1747, à Pernes, par la société de Louis-Joseph de Villers. Mais l’absence de résultat conduit peu après à l’abandon du projet.

Les concessions d’Hardinghen et de Fiennes

Bien que l’extraction dans le bassin d’Hardinghen soit restée relativement faible au XVIIIe siècle (inférieure à 5 000 tonnes par an), plusieurs entrepreneurs se disputent la primauté des recherches dans ce secteur :

  • la duchesse d’Uzès, fille du duc de Montausier, autorisée par arrêt du Conseil d’État du 16 juillet 1689 à extraire sur tout le territoire français ;
  • Philippe du Cavrel de Tagny, sieur de Réty et d’Austruy, par traité du 16 avril 1692 (auteur de la première fosse recensée) ;
  • Louis-Marie-Victor d’Aumont, gouverneur du Boulonnais, par arrêt de septembre 1692, obtient aussi ce privilège, sous réserve d’accord amiable avec les propriétaires des terrains fouillés.
Portait en couleur d'un homme de trois-quart, portant une perruque blanche. Une insigne est épinglée sur le revers de sa redingote sombre, rehaussée d'une cravate blanche.

"Fr[anç]ois Jos[e]ph Théod[o]re Desandrouin, député de la noble[ss]e des bail[lia]ges de Calais et d'Ardres [...]. Collection générale des portraits de MM. les députés à l'assemblée nationale tenue à Versailles le 4 mai 1789". Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 472/37.

À sa suite, son fils Louis-François d’Aumont, duc d’Humières, s’associe au comte de Bucamp, ainsi qu’à Jean-Antoine et François-Joseph Desandrouin, frères du vicomte Jean-Jacques Desandrouin, fondateur de la compagnie d’Anzin. La prospection houillère est une affaire de famille chez les Desandrouin : Gédéon, leur père, est l’un des premiers en Europe à se lancer dans cette entreprise avec ses forages en Belgique vers 1680.

Le 1er février 1720, les frères Desandrouin obtiennent l’autorisation d’établir une verrerie à Hardinghen. Mais le décès prématuré de Jean-Antoine en 1722 laisse François-Joseph seul aux commandes. Il rachète alors la jouissance des mines d’Hardinghen au duc d’Humières en 1730 et en continue l’exploitation. Puis, il fusionne sa concession avec celle de Réty et, à sa mort un an plus tard, son frère Jean-Pierre hérite d’une compagnie florissante.

Mais la concurrence ne tarde pas à se manifester. En 1735, Gaspard-Moïse-Augustin de Fontanieu, seigneur et marquis de Fiennes, présente une requête au roi et ouvre plusieurs fosses sur son territoire de Fiennes. La délimitation des terres des deux rivaux étant mal définie, les conflits ne tardent pas à éclater jusqu’à l’arrêt du Conseil d’État du 26 mai 1739 qui fixe une ligne de démarcation entre les deux concessions, matérialisée par la route menant de Marquise à Hardinghen. La région au nord de la route échoit à Fontanieu, alors que Desandrouin conserve le sud, là où se trouvent les fosses d’Hardinghen.

Jean-Pierre Desandrouin décède le 29 mai 1764, léguant l’exploitation à son neveu François-Joseph-Théodore, fils de Jean-Jacques, futur député aux États généraux en 1789 (pour en savoir plus sur ce personnage, consulter  Cinquante figures du Pas-de-Calais pendant la Révolution). Jusqu’aux années 1810, la compagnie reste aux mains des Desandrouin et de leurs associés.

De la Révolution à l’industrialisation

Fusain représentant un chevalet de mine.

"Recherches de charbon. Exploiteur: Le Breton-Dulier". Courcelles[-les-Lens}, 7 avril 1860. Dessin attribué à A. Robaut. Fusain, rehaussé de craie blanche et bleue, sur papier teinté; 31,5 X 24,5. Archives départementales du Pas-de-Calais 6 FiC 91.

Dans les années 1792 et 1793, une pénurie de combustible résultant de la suspension des importations de charbon étranger en France pousse le gouvernement à s’intéresser au sujet. Il charge alors  Joseph Lebon de réquisitionner le charbon des mines d’Hardinghen contre dédommagement. Sous la conduite du commissaire Delaplace, la houille extraite sert à approvisionner les villes aux frontières.

Peu de temps après, en juin 1812, la concession de Fiennes est abandonnée, après une lente agonie. Il faut attendre décembre 1840 pour qu’une fusion avec sa rivale de toujours, Hardinghen, la fasse revivre.

Ce sursaut d’activité ne prendra guère d’ampleur car on ne tarde pas à découvrir le riche gisement houiller du bassin lensois dans les années 1850, grâce notamment au perfectionnement de l’outillage de fond et au choix plus judicieux de l’emplacement des recherches.

L’activité des mines du Boulonnais durera néanmoins jusque dans les années 1950 malgré les faillites fréquentes des différentes sociétés.

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Pour aller plus loin

  • G. DUBOIS, J.-M. MINOT, Histoire des mines du Nord et du Pas-de-Calais. Album souvenir. Tome I (des origines à 1939-1945), 1991. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 759
  • MM. FÈVRE, CUVELETTE, Notice géologique et historique sur les bassins houillers du Pas-de-Calais et du Boulonnais, 1900. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 315
  • A. OLRY, Topographie souterraine du bassin houiller du Boulonnais ou bassin d'Hardinghen, 1904. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 293