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Nous nous excusons pour la gêne occasionnée.
Archives - Pas-de-Calais le Département
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L’histoire des unités de mesure est riche et complexe, comme le détaille notre page Poids et mesures : quelques notions d’histoire. Ce cheminement long et fastidieux, qui aboutit finalement à l’adoption du système métrique tel que nous le connaissons, a donné lieu à quelques anachronismes curieux. L’un d’entre eux a été relevé par Jean-Louis Gaucher, fidèle lecteur des archives et auteur de plusieurs écrits sur l’histoire maritime du Pas-de-Calais, qui nous fait part de sa découverte dans cet article.
Le certificat de jauge d’un bateau berckois, dénommé le "Sainte-Hélène" n° 228, daté du 29 août 1837 et conservé sous la cote P 5999, laisse perplexe. En effet, les trois dimensions principales du bateau relevées par l’agent douanier (longueur, largeur, creux) sont indiquées en pieds et pouces métriques.
Des pieds et des pouces en 1837 ? Et des pieds et pouces "métriques" ? On pourrait penser qu’il s’agit d’une erreur de la part de l’agent qui semble avoir mélangé deux systèmes radicalement opposés :
Jusqu’à la Révolution française, il existe autant de systèmes de mesures que de contrées. En 1795, on recense ainsi plus de 700 unités de mesures en France.
Pour en savoir plus, voir la fiche Poids et mesures : quelques notions d’histoire
Cette diversité entraîne bien des maux dans le développement de l’industrie et du commerce, d’où la nécessité d’harmoniser la pratique dans le pays. Le système métrique décimal est adopté le 18 germinal an III (17 avril 1795). Le mètre étalon est, quant à lui, défini dans la loi du 19 frimaire an VIII (10 décembre 1799). Enfin, l’arrêté du 13 brumaire an IX (4 novembre 1800) stipule que le système décimal sera définitivement mis à exécution pour toute la République
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Toutefois, la mise en application du nouveau dispositif est lente et fastidieuse. Pour aider les usagers à s’approprier le nouveau système, l’État tolère l’emploi des anciennes appellations appliquées aux nouvelles valeurs de mesures. Ainsi la livre peut-elle désigner un kilogramme ou un litre peut garder le nom de pinte.
Un décret du 12 février 1812 vient complexifier encore davantage cet enchevêtrement. En effet, celui-ci autorise l’abandon de la division décimale et le retour aux subdivisions anciennes pour « les usages journaliers » et le commerce de détail qui s’accommode difficilement au nouveau système. En réalité, il n’y avait que dans l’administration et l’enseignement que celui-ci était utilisé, les anciennes mesures continuaient d’être en usage dans le commerce et l’artisanat.
Ainsi, ce décret énonce :
Article premier. Il est permis d'employer pour les usages du commerce :
Archives départementales du Pas-de-Calais, BAB 29.
C’est ce qu’on appelle le "pied métrique", ainsi dénommé pour le différencier du "pied du roi", unité de mesure usitée durant l’Ancien Régime.
Rappelons que le pied du roi équivalait à 32,48 cm, divisé en 12 pouces de 27,06 mm, eux-mêmes divisés en 12 lignes de 2,25 mm.
De nouveaux instruments de mesure sont créés avec, gravés sur une face, le système métrique (décimètres, centimètres, millimètres) et sur l’autre face les nouvelles mesures (pieds, pouces, lignes). Sur ce nouveau pied de 33,33 cm, nous avons donc un nouveau pouce de 27,77 mm divisé en 12 lignes de 2,3 mm.
Ces nouvelles dimensions paraissent proches des anciennes, mais surtout, elles balayent le système décimal fraîchement instauré. Ce système perdure durant 25 ans, jusqu’à la loi du 4 juillet 1837 qui impose le système métrique décimal de manière définitive. Durant cette période, l’administration comme la douane l’a bien utilisé, ainsi que l’atteste le certificat de jauge du "Sainte Hélène" ; mais qu’en a-t-il été dans la vie courante, les ateliers et chantiers de l’ensemble du pays ? Il est bien difficile de le dire.
J.-L. GAUCHER, Les bateaux et la pêche à Berck XVIIIe - XXe siècle, Bouvignies, Nord Avril, 2019. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHD 1230.