À la veille de la Révolution se développe en France un véritable engouement pour la conquête de l’air. Ainsi, le 21 novembre 1783, Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes vont être les premiers hommes à s’envoler dans les airs à bord d’un ballon gonflé à l’air chaud confectionné par les frères Montgolfier : leur exploit se produit dans le parc du château de la Muette, en présence de Louis XVI et de la cour.
Très vite la traversée de la Manche en ballon devient un véritable enjeu et même une obsession, notamment pour deux aventuriers : le Messin Jean-François Pilâtre de Rozier et son rival le Normand Jean-Pierre Blanchard.
Le premier, auréolé de ses prouesses, est soutenu financièrement par l’État français, afin de mener à bien la traversée du détroit avant les Anglais. Quant à Blanchard, c’est un homme inventif et orgueilleux, qui désire la reconnaissance par une telle action d’éclat. Il est secondé par son ami et mécène John Jefferies, un médecin américain au service de l’armée britannique, davantage intéressé par les observations scientifiques que doivent lui permettre les voyages aériens.
Le premier à se lancer dans ce défi est Jean-Pierre Blanchard. Le vendredi 7 janvier 1785 à 13h15, accompagné de John Jefferies, il décolle du château de Douvres à bord d’un ballon gonflé à l’hydrogène. Le voyage est tumultueux. Afin de gagner le maximum de hauteur, presque tous les objets contenus dans la nacelle et même une partie des vêtements doivent être jetés par dessus bord. Les aéronautes finissent par s’échouer dans la forêt de Guînes vers 15h30.
Les documents présentés ont été rédigés par un notaire de Guînes, maître Dessaux (étude n° 76 de la sous-série 4 E). Le 7 janvier 1785, il est en effet chargé de dresser le procès-verbal de la descente de Blanchard et Jefferies, après avoir interrogé les témoins de l’arrivée du ballon en forêt. Le second acte, provenant du même registre, est un procès-verbal du 25 mai 1785, qui témoigne de la décision de la municipalité de Guînes d’ériger une colonne commémorant cet épisode historique.
En définitive, Jean-Pierre Blanchard, tout comme Jean-François Pilâtre de Rozier (à Wimereux), va périr de l’exercice de sa passion. C’est lors de sa 66e ascension, le 20 février 1808, en Hollande, qu’il fait une chute qui le blesse grièvement. Il expire, un an plus tard, le 7 mars 1809, à Paris.